Le silence - Capucins de Morgon

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Le silence

Publié le 29/07/2025

N°14 - Octobre 2006

 

Chers voisins et amis

 

       Après avoir vu l'activité trépidante des abeilles pendant l'été, accompagnons les enfants à l'école en ce début d'année scolaire. Nous y voyons le professeur s'ingénier à mettre les enfants à l'aise... tout en exigeant d'eux un minimum de silence ! Comment travailler dans le bruit et l'agitation ? Il attend d'eux un silence éveillé, vif, attentif, et surtout pas un morne silence de dortoir, prélude de ronflements non moins monotones...

       Et c'est ici que nous rejoignons notre horaire : il est huit heures. Depuis le coucher jusqu'à neuf heures, nous sommes en silence, ce qu'on appelle le « grand silence ». Pendant ces moments, s'il y a nécessité de communiquer, on le fait par messages écrits, sauf, videmment, en cas d'urgence. Pareillement, si nous sommes hors du couvent, nous pouvons parler. Mais pourquoi le silence ? A quoi ça sert ? Pourquoi se compliquer ainsi la vie ? C'est si simple de parler !

       D'abord, le silence calme et repose l'âme et le corps. C'est si évident que le silence est nécessaire pour s'endormir, et qu'on dort mal dans le bruit. C'est donc une excellente thérapie... à peu de frais !

       Un autre avantage du silence est qu'il nous aide à nous concentrer et évite la dissipation. Mais si l'on parle peu, les paroles n'en ont que plus de force de pénétration. Les Spartiates se sont distingués par cette qualité.

       C'est d'eux que vient le mot « laconisme » (la Laconie est la région de Grèce où se trouve Sparte). Parlant d'eux, Plutarque dit que : « leur parole, débarrassée du superflu, est trempée comme de l'acier ». Un jour, Philippe de Macédoine, qui s'était fâché avec eux, leur avait écrit : « Si j'entre en Laconie, je détruirai votre ville ». A quoi les Spartiates répondirent : « Si... ».

       Jésus lui-même, un jour, se tira d'une situation pénible par une seule phrase. Ses adversaires lui amènent une femme adultère, et lui disent : « D'après la Loi de Moïse, il faut la lapider ; et vous, qu'en dites-vous ? » Ils connaissaient, en effet, sa grande miséricorde envers les pécheurs, et voulaient ici le coincer, le prendre en flagrant délit de violation de la Loi de Moïse. Jésus ne dit qu'une phrase : « Si quelqu'un est sans péché, qu'il jette la première pierre ». Et, un à un, ses adversaires se retirent.

       Le silence est aussi nécessaire pour la prière. Déjà chez les Grecs et les Romains, le silence est l'attitude normale de l'homme face à Dieu. Les disciples de Pythagore, dit-on, devaient garder le silence pendant cinq années continues. Dieu ne parle qu'aux âmes qui sont en silence. C'est de l'une d'elles qu'il dit : « Je la conduirai dans la solitude, et là, je parlerai à son cœur » (Prophète Osée).

       Tout cela, c'est des avantages personnels ; mais le silence profite aussi aux autres. Au contraire, le bruit, en communauté, va gêner la prière des autres, leur travail et leur repos. Les efforts faits par chacun pour conserver le silence seront autant de ces petites délicatesses qui rendent la vie sociale si agréable.

       Ainsi, déjà en lui-même, le silence est agréable aux autres, mais encore il évite une multitude de paroles blessantes, qui nous échappent, et que nous n'aurions pas voulu dire. Déjà Plutarque, (mort en 125 après Jésus-Christ) avait écrit un livre intitulé « Du trop parler ». Il y blâme le bavard qui raconte vingt fois la même histoire et n'écoute personne : « Tel un de nos concitoyens auquel il était arrivé de lire un traité d'histoire, et qui en rompait les oreilles à tout le monde, il ne pouvait se trouver en compagnie ou assister à un banquet sans conter la bataille de Leuctres et ses suites, si bien qu'on l'avait surnommé Epaminondas » (nom du général vainqueur de la bataille de Leuctres).

       Le bavard devient pénible à tout le monde. « S'il va visiter un malade, poursuit Plutarque, il lui fait plus de mal que sa maladie elle-même ; s'il est dans un navire, il fatigue plus les passagers que les agitations de la mer (...) ».

       La Bible nous enseigne abondamment la sagesse du silence. « En parlant beaucoup, tu n'éviteras pas le péché ».

       Voilà tous les avantages que nous procure le silence. Après neuf heures jusqu'à vingt heures, le silence est moins strict, car pendant le travail, il y a plus de nécessité de communiquer. Mais là encore, on essaie d'être bref.

       Enfin vient l'application pratique : celui qui écrit cet article, pour ne pas être trop bavard, cède la parole au chroniqueur !

CHRONIQUE ET FIORETTI

 

7 mai : Après une vague de recrues exclusivement francophones ces trois dernières années, un Argentin arrive pour partager notre vie. Une semaine pour découvrir le Beaujolais tout de même, puis il se rend au couvent Si Antoine, dans le Gers, puisque c'est là qu'a lieu désormais, la formation religieuse.

13 juin : Avant-hier ont eu lieu des « migrations » un peu tardives d'Afrique du Sud : en effet, Frère Séraphin-Marie, d'origine sudafricaine fait aujourd'hui ses vœux solennels (son engagement définitif). Pour la circonstance, sa mère et trois de ses frères (qu'il n'a pas revus depuis neuf ans !) sont venus lui rendre visite ; ils restent jusqu'au 18 juin.

23 juin : Le Père Antoine se rend dans le Gers pour y recevoir les vœux temporaires (engagement pour trois ans) des frères Pio-Marie et Fidèle-Marie.

27 juin : Quant au Père Antoine et au Père Jean-Joseph, ils ont droit à vingt bougies aujourd'hui : en effet, ils ont été ordonnés prêtres le 27 juin 1986.

8 juillet : Nous recevons la visite d'un jeune prêtre ordonné ce 29 juin ; il célèbre la messe à 17 h, en présence de toute la communauté.

19 juillet : Après les visites d'Afrique du Sud, celle du Zimbabwe (voisin du Nord). Un jeune prêtre originaire de l'Ain et missionnaire en ce pays, nous fait une conférence sur son apostolat difficile au sein d'une population qui connaît les violences d'un État totalitaire et la pauvreté allant jusqu’à la famine.

24 juillet : Le frère de notre frère Nicolas, missionnaire en Inde, nous fait, à son tour, une conférence sur son travail en ce vaste pays. Il nous montre, entre autres, des photos de la famille de frère Ignace (originaire de Bombay) qui se réjouit de voir « de loin » ses proches parents et le domicile familial.

2 août : Frère Pierre renouvelle ses vœux pour trois ans (ses premiers engagements ont eu lieu en 2003).

15 août : Comme tous les ans, nous montons en procession sur la côte du Py, portant la statue de la Très Sainte Vierge, en ce jour anniversaire de son Assomption. Nous y renouvelons la consécration de la France à la Sainte Vierge, faite en 1638, pour attirer sur notre pays la protection de la Reine du ciel.

Juillet / août : Les « vacances » d'été sont l'occasion de ministère un peu plus intense : aumônerie de camps, prédications de retraites, pèlerinage en Pologne à Czestochowa, d'où deux Pères ramènent un postulant polonais etc..

9 septembre : Frère Fidèle-Marie et frère Pio-Marie, qui ont fait leurs vœux le 23 juin, quittent le couvent de formation et nous rejoignent à Morgon pour y commencer les études préparatoires au sacerdoce. Ils en ont pour six ans.

13-14 septembre : Avant d'attaquer les cours de philosophie, professeurs et élèves accompagnent la communauté qui va s'oxygéner dans les vignes... en aidant un voisin à faire ses vendanges !

Du 30 septembre au 12 octobre : Nous avons la visite de frère Marcel, frère de notre frère Séraphin-Marie (d'Afrique du Sud); il arrive des Etats-Unis, où se trouve sa communauté, et nous fait deux dessins, que nous reproduisons dans ce numéro des « Cloches Messagères » et dans le prochain numéro.

 

 

Couvent Saint-François Morgon 69910 Villié Morgon

 

 

       Les personnes qui lisent ce numéro et qui désireraient les numéros précédents et les suivants peuvent nous le Taire savoir et nous laisser leur adresse. Les Cloches Messagères expliquent nos activités et donnent des nouvelles du Couvent Saint-François et du Monastère Sainte-Claire de Morgon. N'hésitez pas à vous « abonner ». C’est gratuit !

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