Le frère couturier - Capucins de Morgon

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Le frère couturier

Publié le 20/09/2025

N° 16 - Mai 2007

Chers voisins et amis,

 

LE FRERE COUTURIER

 

       Après la digression sur nos divers travaux à l'extérieur du couvent, revenons à notre horaire. A neuf heures, la grande cloche sonne pour la première fois de la journée. Elle invite les religieux à se rendre pour une prière en commun ! [1], qui nous retient au chœur pendant une dizaine de minutes.

       En remontant de la chapelle, chacun vaque à ses occupations jusqu'à 11 h 35. Suivons discrètement le frère couturier pour voir de plus près ce qu'il fait. Oh, à vrai dire. « frère couturier » ne veut pas dire qu'il ne fait que cela. Sinon, il serait vite au chômage, pendant qu'une montagne de besogne ne serait accomplie par personne !

       Voilà que notre frère va chercher les « matières premières » à transformer : un rouleau de laine marron tissée, et un rouleau de corde en chanvre (pour notre « ceinture » capucine). Mais pourquoi la couleur marron ? Parce que la couleur de l'habit est un signe distinctif des Ordres religieux. Un peu comme les policiers français, en bleu, se distinguent des policiers allemands (en tenue verte).

       Oui, mais ceci ne nous dit toujours pas pourquoi les capucins sont bruns et non pas noirs comme les bénédictins, ou blancs comme les chartreux, ou noir et blanc comme les dominicains ! Notre fondateur, saint François, voulait que nous soyons habillés d'habits pauvres, communs, à partir du tissu utilisé pour les sacs de l'époque.[2]

       La couleur tirait sur le brun ou le gris. Dans les pays chauds, comme en Afrique, les habits sont plus clairs (beiges), pour éviter d'étouffer.

       Une fois le tissu sur place, pour en faire un habit, le frère a à sa disposition une bonne vieille machine à coudre à pédale, qui fonctionne toujours très bien… même en cas de panne d'électricité !

       Une question plus fondamentale vient tout de suite à l'esprit : pourquoi un habit spécial ? Cet habit est si encombrant, si peu pratique ! Est-ce qu'il n'y a pas de vêtements qui peuvent être pauvres tout en restant ordinaires ? Si, bien sûr. Mais c'est la tradition constante pour les moines, en Orient comme en Occident, de porter un habit qui les distingue des autres. L'habit rappelle au religieux qu'il a renoncé aux joies du monde : l'habit est aussi, pour lui. une barrière, qui l'empêche de se livrer à des activités ou à des plaisirs incompatibles avec son état.

       Alors, maintenant, au travail ! Mais quelle forme donner à l'habit ? Avec les manches, il a une forme de croix, suivant la volonté de saint François, pour nous rappeler notre devoir de faire pénitence, c'est-à-dire de souffrir comme Jésus a souffert sur la croix. Il est ample, sans pinces à la taille, et une corde sert de ceinture.

       Pourquoi la corde ? Dans l'Évangile. Jésus ayant prescrit à ses Apôtres de ne pas porter de ceinture (la ceinture de cuir ayant encore quelque valeur), saint François échangea sa ceinture contre une corde grossière. Cette corde nous distingue des autres Ordres. C'est pourquoi on appelait aussi les Franciscains « cordeliers ».

       Nous allions oublier de parler du capuce (capuchon). C'est pourtant de lui que nous tenons notre nom de « capucins ». En effet, par rapport aux autres franciscains, notre capuce était particulièrement long. Aussi, des enfants, en les voyant pour la première fois, lancèrent ce sobriquet : « Capuccini ! » [3] ; « encapuchonnés ! », … et le mot est resté.

       Pourquoi le capuce ? Le capuce. bien antérieur à l'apparition des Ordres religieux, était cousu au manteau des Romains de condition pauvre. Il était utilisé surtout par ceux qui par profession, étaient exposés aux intempéries (agriculteurs, chasseurs, bûcherons, muletiers). Les moines adoptèrent rapidement le capuce en harmonie avec la pauvreté dont ils font profession, et bien utiles étant donné leurs travaux extérieurs. Très vite, et dès saint Benoît (VIe siècle), il est devenu le vêtement monastique par excellence.

       Une fois que notre frère en aura fini avec l'habit, il ne sera pas au bout de ses peines ! Il lui restera encore le manteau à tailler. Le manteau, en usage chez nous depuis saint François, a la forme d'une cape qui couvre le corps jusqu'aux extrémités des doigts. Il est notre ami « inséparable » pendant la saison froide !

       Voilà déjà un bon moment que nous sommes avec notre frère couturier. Dire qu'il va recommencer tout ce travail pour chaque frère... Mais est-ce qu'il va en tailler plusieurs pour chacun ? Non, et ici il est sauvé par la règle, qui nous prescrit de n'avoir qu'un habit. Nous le portons jour et nuit, toute l'année (sauf pour les travaux très salissants, où nous prenons un vieil habit à usage commun ; ou encore aussi lorsqu'il faut laver notre habit habituel ! ). Le revers de la médaille, c'est qu'il s'use assez vite (en quatre ou cinq ans). Pour le faire durer, il faudra le repriser, le rapiécer, et c'est une des raisons pour lesquelles notre frère a presque toujours du travail qui l'attend sur la machine à coudre.

       Enfin il y a tout le travail de raccommodage du reste du linge. Mais pour cela, le frère couturier est heureusement bien aidé par nos sœurs clarisses.

       Après avoir surpris les « petits secrets » du frère couturier, retirons-nous aussi discrètement que nous nous sommes approchés, et au prochain numéro, nous irons voir ce que font les autres frères.

 

PETITE CHRONIQUE ET FIORETTI

 

18 janvier 2007 : Au cours de la promenade, nous allons souhaiter nos bons vœux à Monsieur le Curé, au presbytère.

3 mars : Frère Fidèle-Marie (Suisse) et frère Pio-Marie (Français : oui il y a aussi des Français dans notre communauté !) reçoivent la tonsure ecclésiastique. C'est une cérémonie où l’évêque coupe les cheveux des candidats au sacerdoce à cinq endroits sur la chevelure en forme de croix ; ce geste est le symbole de l’entrée dans l’état ecclésiastique, et la première étape vers le sacerdoce.

Le même jour, frère Diego-Joseph gravit la deuxième et la troisième marches vers le sacerdoce, en recevant les deux premiers Ordres mineurs.

15 et 31 mars : Quelques frères vont travailler chez un vigneron ami dans le Mâconnais. En l’occurrence ils devront tirer les bois et les rassembler pour les brûler.

17 mars : Nous accueillons au couvent une statue de Notre-Dame de Fatima (Portugal), qu'on appelle « Vierge Pèlerine », puisque, partie le 8 décembre de Lyon, elle parcourra un bon nombre d'églises, couvents et chapelles en France, ce qui prendra environ quatre ans (la statue reste une semaine dans chaque chapelle)

18 mars : Une bonne cinquantaine de pères de famille, messieurs et jeunes gens participent au pèlerinage de Morgon à Saint-Joseph (la Saint-Joseph étant le 19 mars). Ils sont un peu arrosés par une averse à la fin, mais contents d'avoir pu vénérer ce grand saint, qui a répandu tellement de bienfaits, comme en témoignent les plaques de marbres où sont écrits les remerciements, et qui couvrent les murs de l'église de Saint-Joseph.

20 mars : Un mystérieux grillage surgit de terre et cerne le Monastère Sainte-Claire. Les capucins auraient-ils peur que les sœurs clarisses ne s'échappent ? Non, rassurons-nous : c'est plutôt le contraire. Quelques visites nocturnes intempestives ces derniers mois nous ont poussés à cette mesure de légitime sécurité. Bien que les ennuis aient cessé depuis un mois, ces grilles avaient déjà été commandées depuis plusieurs mois. Le vin étant tiré, il a bien fallu le boire… même si la facture était un peu salée !

26 mars : La Vierge Pèlerine est accueillie chez nos Sœurs, et arrive en procession. Elle y restera jusqu'à Pâques.

1er avril : Traditionnelle procession des Rameaux, depuis la chapelle des Sauzey jusqu'au couvent.

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[1] - Cette prière est semblable à celles déjà décrites dans les N° 5 et 9.
[2] - Un peu comme les « sacs à patates ». A l'époque, il n'y avait pas de sacs en plastique !
[3] - Ceci se passait en Italie.

 

Couvent Saint-François

Morgon

69910 Villié-Mongon

 

 

 

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