Oui, mais…

N°16 - 2 août 2023

Chère Philothée, 

Que le Seigneur vous donne la paix !

       Nous expérimentons tous combien il en coûte de renoncer à son jugement et à sa volonté-propre. En effet, nous y sommes si fermement attachés que, même lorsque nous nous rendons bien compte qu'il faut les offrir en sacrifice au Bon Dieu, nous ne le faisons pas pleinement, ni de tout cœur... Puisqu'il faut dire « oui », nous prononcerons ce mot, au moins du bout des lèvres. Cependant, discrètement, nous ajouterons un « mais... ». Ce « mais », d'ailleurs, peut en venir à annuler complétement le « oui ». Oh ! comme notre amour-propre est habile ! Vous le savez, il ne veut pas mourir. Saint François de Sales enseigne même qu'il ne disparaîtra qu'un quart d'heure après nous... Quelle ténacité !

       Or, ce qui est vrai pour tout le monde dans beaucoup de domaines, Philothée, l'est particulièrement pour les filles d'Eve dans le domaine de la modestie vestimentaire. La pensée et la volonté de Dieu et de l'Église sur ce chapitre sont bien connues des chrétiennes - quoique certaines fassent mine de les ignorer. Cependant, un certain nombre d'entre elles, de mauvaise volonté, leur répondent franchement : « non ». Cela les regarde. Il faudra pourtant qu'elles rendent compte de leurs scandales au Jour du Jugement... D'autres, plus nombreuses, n'osent pas s'opposer ainsi, frontalement, à la volonté de Dieu et de l'Église. Elles répondent donc : « oui », et adoptent des tenues qui semblent plus convenables. Toutefois, comme elles n 'y mettent pas leur cœur, elles ajoutent, au moins implicitement, un « mais », qui fait que leur modestie laisse toujours à désirer...

       Prenons quelques exemples sur le vif... Proserpine sait qu'une jupe, pour être modeste, doit recouvrir largement les genoux. Elle se résout donc à en acheter une qui réponde à ce critère. Oui, mais... cette jupe a une fente assez notable, ou alors elle est d'un tissu si léger que le moindre rayon de lumière la rend transparente. Proserpine avait la velléité d'être modeste, peut-être ; mais parce qu'elle n 'en avait pas la ferme volonté, elle ne l'a pas été... Radegonde, quant à elle, s'est fait reprendre une fois, parce que son chemisier avait un décolleté indécent. Elle choisit donc au magasin un haut qui n'a pas ce défaut. Oui, mais... ce haut n'a pas de manches (et pour cause : c'est l'été !), ou alors il est tellement moulant qu'il n'occulte nullement les formes du corps. Radegonde, tout comme Proserpine, avait la velléité d'être modeste, mais elle n 'en avait pas vraiment la volonté : nouvel échec... Perpétue, enfin, a bien compris qu'une chrétienne ne doit pas s'habiller comme un homme, ni se contenter d'une décence toujours limite ; elle a donc résolu d'acquérir des vêtements qui lui permettront de paraître vraiment féminine et profondément chrétienne, comme elle veut l'être en réalité. Oui, mais... elle commet l'imprudence de conserver dans sa garde-robe les pantalons et les jupes au genou qu'elle portait jusqu'ici. N'en doutez pas, ces tenues reparaîtront un jour, et plus tôt que vous ne le pensez. Perpétue, elle aussi, n 'avait pas une volonté assez arrêtée et déterminée : sa modestie ne sera pas de longue durée...

       Philothée, je vous le demande, quel est le point commun de ces trois chrétiennes ? Elles n'accordent pas assez d'importance à la pratique de la modestie, et par conséquent, elles l'observent seulement à moitié ou pour un temps. Elles ne comprennent pas que pour ressembler profondément à Notre-Dame, il ne faut négliger aucune des composantes de cette vertu. Bref ! elles veulent choisir, faire le tri de ce qu'elles prendront et de ce qu'elles laisseront. Mais la modestie, c'est un tout, et pour qu'elle soit vraie et rayonnante, pour qu'elle ramène partout l'esprit chrétien, il faut qu 'elle soit parfaite et constante, même si cela exige de sacrifier nos goûts personnels et notre volonté-propre.

      Pour vous, Philothée, ayez le courage de dire, avec Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus : «Mon Dieu, je choisis tout. Je ne veux pas être une sainte à moitié, cela ne me fait pas peur de souffrir pour Vous : je ne crains qu’une chose, c 'est de garder ma volonté. Prenez-la, car je choisis tout ce que Vous voulez ! »…. Est-ce que Notre-Dame a répondu à Dieu : « Oui, mais… » ? Non, évidemment. Alors, je vous en prie, imitez-la, pour l'amour de Notre-Seigneur, de l'Église et des âmes. « Que votre oui soit oui ! » ; le reste vient du démon (Matt 5,37)…

Avec ma bénédiction.                                    « Je veux voir Marie ! »                                                    Fia Modestino

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NB : Le but de cette feuille n'est pas de rappeler le minimum de décence que l'Église exige de ses filles (jupe recouvrant les genoux et voile dans les lieux de culte), mais bien plutôt d'engager toutes les chrétiennes de bonne volonté (Philothée) à pratiquer et à promouvoir, avec constance et de tout leur pouvoir, une parfaite modestie, seule capable de mettre en échec les forces de corruption du monde moderne el de ramener partout un authentique esprit chrétien... (Concrètement : jupe au moins à mi-mollet, ni fendue, ni transparente).

       Une vraie et profonde vie intérieure (oraison, chapelet, lecture spirituelle, etc.), par laquelle l'âme s'unit plus étroitement à Notre-Seigneur, rend la pratique de cette parfaite modestie comme naturelle : tout devient facile quand on aime !

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Couvent Saint François / 78, Passage de la Morcille / 69910 Villié-Morgon (Fiance)