Bienheureux Bernard de Corleon - Capucins de Morgon

Nos activités > Articles > Bienheureux Bernard de Corleon

Bienheureux Bernard de Corleon

Publié le 30/09/2025

Frère lai Capucin (1605-1667) - Fêté le 12 Janvier       

 

       Notre Bienheureux naquit en Sicile. Ses parents, pauvres de biens temporels étaient fort riches en grâce et en vertus. De bonne heure se manifeste chez lui une volonté de fer, jointe à un caractère altier, impatient de toute discipline et singulièrement porté à la violence. Plus tard, l'amour des armes l'emportait sur les exercices paisibles de son métier de cordonnier, mais il mettait le plus souvent sa fine lame au service des faibles. Malgré cette nature bouillante, il mena une vie exemplaire, sous le rapport des mœurs et de la piété. Cependant, il lui arrivait aussi de sortir son épée pour une question d'honneur et de prestige et c'est au cours d'une de ces joutes qu'il blessa très gravement un haut personnage de Palerme. Ayant trouvé refuge auprès des capucins de Corléon, il y demeura jusqu'à ce que tout danger de représailles soit écarté. C'est là que la grâce va le saisir : fortifié par les conseils des bons pères, il ressortira transformé de ce court séjour. Il prit alors la décision irrévocable de ne plus jamais se servir de son épée et retourna à son échoppe. Ayant fait, peu de temps après, sa demande d'admission chez les capucins, le Provincial - connaissant sa terrible réputation - lui imposa un long temps de réflexion.

       Enfin, à l'âge de 25 ans, il entra au noviciat de Catrenissetta, ne craignant rien, sinon d'être infidèle à la grâce immense qui lui était faite. Son programme de vie était très simple : enlever premièrement à ses passions l'occasion de l'entraîner au mal et sauver ainsi son âme ; ensuite contribuer par ses prières au salut du prochain. Le diable, irréconciliable ennemi du bonheur de l'homme, va tout de suite tourmenter le Frère Bernard, cherchant à le décourager et allant parfois jusqu'à le rouer de coups afin qu'il quitte le couvent. Pour toute réponse, notre Bienheureux ne lui opposera que de rudes pénitences et de ferventes prières.

       Sous l'action de la grâce, cette puissante personnalité va produire des vertus admirables : il ne parlait à ses frères qu'avec une profonde déférence et obéissait aveuglément aux moindres désirs de ses supérieurs, sans l'ombre d'une hésitation. Une seule fois, il eût le malheur de répliquer à une juste remontrance du Père Gardien. Il sortit aussitôt de sa cellule sous le coup de la douleur et sitôt dans le couloir, il se martela les lèvres de formidables coups de poing en s'écriant : "Misérable bouche ! je t'apprendrai à répondre ainsi… Le feras-tu encore ?" La prompte intervention du Supérieur mit heureusement fin à cette étrange pénitence réparatrice.

       Sa pauvreté était aussi rigoureuse et il veillait à ce que rien ne se perdit de ce qui pouvait avoir encore quelque utilité. "Si je ne ramasse pas ces riens, disait-il, le diable se charge bien de le faire, lui !" De son unique habit, mille fois rapiécé, on disait qu'il ne s'y trouvait plus un fil qui soit d'origine, bien qu'étant toujours le même.

       Toute sa vie ne fut qu'une longue et terrible pénitence dont les détails font frémir : il se composa une discipline à la mesure de son effroyable ardeur ; ses veilles incessantes n'étaient entrecoupées que de courts instants de repos, pris sur une planche si étroite qu'il ne pouvait s'y retourner. Un frère infirmier lui reprochant la véritable torture qu'il imposait à son corps par le cilice qu'il portait, il répondit en souriant "Serais-je, par hasard, obligé de porter intact au cimetière mon misérable corps ? Ce n'est qu'une mauvaise bête qui fait semblant de ne pas craindre les coups, mais qui est toujours prête à se révolter contre l'esprit !"

       L'excellence de sa charité fraternelle, jointe à une prudence non moins admirable, le faisait souvent dissuader ses jeunes confrères à le suivre de trop près dans les voies de la mortification corporelle. "A chacun sa voie, disait-il. Contentez-vous d'offrir au Seigneur vos fatigues et vos désirs, avec une grande pureté de coeur !"

       Parmi les consolations merveilleuses que le Bx Bernard reçut, il faut mentionner celle qui lui fut faite au couvent de Palerme : il était à genoux dans un coin du réfectoire où il prenait habituellement sa misérable pitance, composée de vieux croûtons de pain trempés dans de l'eau de vaisselle, quand Notre-Seigneur lui apparut. Pour récompenser son serviteur de l'amour qu'II en recevait, Il trempa un morceau de pain dans la plaie sacrée de son côté et le lui donna à manger. Quand le Frère eût avalé cette sainte nourriture, il fut rempli d'ineffables délices et son visage devint tout radieux.

       Ses Supérieurs, témoins émus des grâces immenses que le bon Dieu lui accordait, se firent souvent un devoir de le garder, au moyen de rudes et fréquentes humiliations, contre tout danger de vaine complaisance en lui-même. Dieu permit même qu'un lamentable trio de confrères déclenche contre lui une incessante persécution. A ceux qui lui conseillaient de s'en plaindre au Provincial, il répondait : "Cela ne me déplaît pas de payer mes dettes ainsi envers le bon Dieu. Ces mortifications m'aident beaucoup à dompter cette bête rebelle qu'est mon corps, ainsi que les révoltes incessantes de mon orgueil". Ce qui affligeait davantage le Frère Bernard, était la connaissance que Dieu lui avait donnée du châtiment réservé à ses persécuteurs : tous trois, en effet, finirent tristement leur vie dans la misère et l'abandon, hors de l'état religieux qu'ils avaient voué à perpétuité.

       Un jour, par un motif charitable, un frère voulut lui apprendre à lire. Le Fr. Bernard s'y soumit avec humilité et simplicité ... Notre Seigneur lui apparût et lui dit : "Bernard, en fait de livre, celui de mes plaies te suffit. En lui tu trouveras la doctrine la plus profitable". Il vivait dans une telle intimité avec la très Sainte Vierge, qu'on la vit plus d'une fois remettre l'Enfant-Jésus entre ses bras, et traiter notre bienheureux avec une étonnante familiarité. Véritable semeur de miracles tout au long de sa vie et jusqu'après sa mort, il les attribuait le plus souvent à l'intervention de sa "Mère". Lisant aussi dans le secret des cœurs, il put soulager les peines et les doutes de nombreuses âmes qui venaient le consulter.

       Sur le déclin de sa vie, il défendit non seulement ce que ses confrères nommaient parfois une "indiscrète pénitence", mais aussi sa constance indéfectible dans la pratique parfaite des vertus religieuses et très spécialement de la sainte obéissance. C'est sur l'ordre de son Supérieur qu'il se rendit finalement à l'infirmerie provinciale. Ayant reçu les derniers sacrements, il demanda humblement de ne laisser désormais personne entrer dans sa cellule, afin que rien ne vienne plus le distraire de la contemplation des choses divines. Comblé de mérites, il eut à subir sur son lit d'agonie de rudes assauts diaboliques, mais assisté de la Ste Vierge, il trépassa paisible et joyeux.


Oraison


O Dieu, qui avez fait briller dans votre Confesseur le Bienheureux Bernard,
une héroïque charité et une pénitence admirable,
accordez-nous par son intercession,
la grâce de vous aimer de toute l'affection de notre coeur
et de faire de dignes fruits de pénitence.
Par Jésus-Christ, Notre Seigneur …

Autres articles

Sois apôtre

N°18 - 8 décembre 2023

Publié le 15/10/2025

Le jardinier

N°18 - Décembre 2007

Publié le 15/10/2025

La chaine qui relie le Ciel à la terre

N°8 - Octobre 2016

Publié le 03/10/2025

La mortification

N°17 - 7 octobre 2023

Publié le 03/10/2025

Bienheureux Diego-Joseph de Cadix

Un apôtre pour l'Espagne du XVIIIe s. (1743-1801)

Publié le 02/10/2025