Bienheureux Jérémie de Valachie - Capucins de Morgon

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Bienheureux Jérémie de Valachie

Publié le 02/10/2025

 

Frère lai roumain (1556-1625) - Fête le 28 Février (le 29 en année bissextile)

 

       Né un 29 Juin dans une des rares familles restées catholiques au milieu d'un pays où l'hérésie tenait les âmes loin de l'Église et de son Pasteur, un petit berger nommé loan se faisait remarquer par sa dévotion envers !'Eucharistie et les saints Apôtres Pierre et Paul.

       A l'âge de 15 ans, un vieillard majestueux lui apparut pour lui annoncer sur un ton prophétique : "loan, tu devras faire un long voyage, pour te mettre au service d'un puissant Maître. Ne t'arrête pas en chemin, afin de recevoir une récompense inestimable". Sa vocation ainsi tracée, il restera encore quatre ans à travailler avec ardeur auprès de ses parents, avant de quitter son pays natal pour l'Italie, dont on vantait la sainteté de vie des religieux. Voyage harassant, dans des conditions climatiques épouvantables, qui lui feront avouer plus tard qu'il ne put le faire qu'avec l'aide de Dieu et cette exhortation : "Ne t'arrête pas en chemin".

       Son premier contact avec l'Italie se fera à Bari, où l'immoralité régnante le choquera au point de vouloir retourner dans son pays. Seule la chapelle du couvent des capucins lui apportait quelque consolation, et il faudra une nouvelle apparition du vieillard de son enfance pour le décider à continuer sa route sur Naples. Il arriva dans cette ville pendant le Carême, et la grande atmosphère de piété qu'il y découvrit dans les églises et jusque dans les rues le détermina à s'y fixer.

       Il va frapper à la porte du couvent des capucins, ces religieux qui l'avaient tant édifié à Bari. "Que désirez-vous ?" lui dit le portier. - "Sauver mon âme !" répondit simplement loan. Puis il ajouta : - "Je veux faire la volonté de Dieu". On envoya le postulant au couvent du Provincial, qui l'interrogea soigneusement, puis le reçut parmi les Frères laïcs, non sans l'avoir mis à l'épreuve en le faisant frapper plusieurs fois à la porte du couvent, selon l'antique coutume monastique. Le 7 mai 1578, le Père Maître des novices lui imposera, avec l'habit de l'Ordre, le nom du prophète Jérémie.

       Après sa profession, il sera cuisinier, emploi où il pourra exercer à plein son ardeur infatigable, ne s'accordant jamais un moment de repos, toujours fidèle à sa résolution de ne pas s'arrêter, surtout sur le chemin de la perfection. Sa charité lui faisait considérer son Gardien comme Jésus Lui-même, les autres religieux comme les Apôtres. Les pauvres n'en étaient pas négligés pour autant : "Ce n'est pas avec le surplus, avec ce que nous ne voulons pas, qu'il faut secourir les pauvres : il faut leur donner ce qu'il y a de meilleur ici, et ce qui nous prive le plus. Donner les miettes de notre repas, c'est offenser Dieu".

       Devant un tel dévouement, ses supérieurs lui confieront la charge délicate d'infirmier. Il en fera le dur apprentissage en soignant volontairement un Père atteint d'hydropisie énéralisée, dont les plaies purulentes étaient si infectes que personne ne voulait plus seulement s'approcher de lui. Ce prêtre très fervent avait demandé un jour à Dieu de devenir une vivante image de Jésus souffrant. Sa prière fut exaucée. Pendant cinq ans, jusqu'à sa mort, le Frère Jérémie sera son unique ange consolateur.

       Ces longues veilles au chevet des malades ne dispensaient pas notre bienheureux de se rendre à l'Office de nuit des Matines. Il aimait à répéter qu'après le sacrifice de l'autel, c'était le meilleur que l'on puisse offrir au Seigneur. Il disait aussi que le démon faisait tous ses efforts pour détourner les religieux de cette louange nocturne, soit en les dissuadant de se lever, soit en les accablant de sommeil ou de distractions. Une autre pratique qu'il déclarait odieuse à l'ange déchu, c'était la prostration que les capucins ont coutume de faire au choeur ou au réfectoire, en se prosternant à deux genoux puis en baisant terre. Le diable lui assura que cette pratique d'humilité lui était si pénible qu'il cherchait par tous les moyens à la supprimer dans les couvents.

       Une nuit, un Frère récemment décédé lui apparût, souffrant terriblement des peines du purgatoire, et le suppliant de faire célébrer le Saint Sacrifice pour lui. Il lui révéla aussi qu'après sa mort, tous les Pères de la Province avaient bien célébré chacun une Messe pour le repos de son âme, sauf le Père Agapit de Naples. Frère Jérémie en informa le provincial, qui interrogea ensuite ce Père, lequel reconnut ne pas avoir cru nécessaire d'accomplir cette prescription de la Règle, étant donnée la vie de sainteté du disparu. La faute fut réparée, et le Frère apparut de nouveau à Frère Jérémie pour le remercier d'avoir intercédé pour lui, et de lui avoir ainsi fait ouvrir la porte du Ciel.

       Pour clore le chapitre des communications extraordinaires, retenons une apparition de la Reine du Ciel pendant une nuit de l'année 1608. La Vierge Marie se montra à lui comme la Femme de !'Apocalypse à St Jean, auréolée d'une lumière éclatante semblable à celle du soleil. Cependant, au lieu de couronner sa tête, les étoiles étincelantes parsemaient sa robe plus blanche que la neige. Une large chevelure lui descendait sur les épaules, et elle tenait !'Enfant Jésus sur son bras droit. A cette vue, l'humble Frère se prosterna sur le sol, et n'osa lever les yeux qu'à l'invitation insistante de Notre-Dame. Enhardi par tant de bonté, il lui demande : "Pourquoi ne portez-vous pas de couronne, ô Marie, vous qui êtes la Reine des Reines ?" - "Ma couronne, c'est mon Fils", répondit-elle. Elle lui demanda ensuite de propager la dévotion aux 9 Salve Regina, en l'honneur des neuf mois pendant lesquels elle avait porté le Verbe éternel dans son sein : trois Salve (le matin) pour les pécheurs, trois (à midi) pour les agonisants, et trois (le soir) pour les âmes du Purgatoire. Puis elle disparut. Mais cette vision s'imprima si fortement dans l'esprit du bienheureux, qu'il accepta de la décrire pour en faire un tableau très vénéré par les Napolitains.

       Arrivé au terme d'un vie religieuse consacrée surtout au service des malades, c'est dans cet exercice de la charité si cher à St François que le Bx Jérémie trouva ce qui allait provoquer sa mort. Le Gardien le chargea pendant un hiver extrêmement rigoureux, d'aller visiter un bienfaiteur malade qui habitait à une quinzaine de kilomètres du couvent de Naples, et qui le demandait instamment. Le bon Frère septuagénaire partit sur le champ en disant gaiement : "Je m'en vais rejoindre mon pays". Ayant guéri le grabataire, il revint en contractant lui-même sous la morsure du froid la maladie fatale qui l'emportera enfin dans sa véritable patrie.

 

Oraison

 

0 Dieu, Père très miséricordieux,

Vous qui avez donné au Bienheureux Frère Jérémie

la grâce d'imiter Votre Fils dans le service des Frères

et de se sacrifier sans réserve pour eux,

accordez-nous par son intercession et son exemple,

la joie de le suivre dans la voie évangélique de l'humilité et de la charité,

pour le salut des hommes. Par Jésus-Christ Notre Seigneur…

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