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Bienheureux Innocent de Berzo
Publié le 02/10/2025

"Beato Innocenzo - Berzo Inferiore" par Luca Giarelli est sous licence CC BY-SA 3.0.
Prêtre capucin (1844-1890) - Fêté le 3 Mars
Né le 19 Mars 1844 à Niardo. Prêtre diocésain le 2 Juin 1867. Prend l'habit capucin le 16 Avril 1874. Meurt le 3 Mars 1890, au couvent de Bergame.
Le Bienheureux innocent, doué d'une intelligence remarquable, a enseveli ses éminentes qualités d'esprit dans une vie cachée en Dieu, jusqu'à se faire passer pour un incapable. Timide, excessivement défiant de lui-même, il n'était à l'aise que lorsqu'on l'humiliait. Au moment de son ordination sacerdotale, il éprouva les mêmes craintes que Notre Séraphique Père et l'obéissance seule put le décider à avancer. Nommé sous-directeur du séminaire deux ans après, ce fut évidemment un lamentable échec, son amour des humiliations le 'rendant incapable de reprendre ou réprimander, plus encore de châtier. Le même fait se produisit chez les capucins. A peine a-t-il prononcé ses vœux solennels qu'il est nommé Sous-Maître des novices. Mais notre bienheureux n'a pas plus d'autorité que 8 ans auparavant. Appelé ensuite à collaborer à la rédaction d'une revue pour les tertiaires, son premier article n'a jamais été écrit : il tombait en extase dès qu'il commençait à réfléchir sur le sujet ! Chargé enfin des cours aux jeunes étudiants, "Voyons, leur disait-il, celui qui fera le plus d'oraisons jaculatoires !" "Le meilleur étudiant est celui qui fait le plus d'oraisons jaculatoires". Cela n'avançait pas le cours, mais les examens donnèrent d'excellents résultats.
Si le Père Innocent n'exerça plus de charge, il avait néanmoins une grande influence, tant sur les autres religieux que sur les séculiers. De grandes personnalités venaient le consulter. Tout confus, il paraissait devant eux comme un coupable devant ses juges, murmurant toujours des prières. Aux questions posées, il répondait par un simple oui ou non, et il conjurait ses supérieurs de le délivrer au plus tôt. Alors, tout heureux, il se retirait au chœur, où il passait presque toute la journée. Quand on lui demandait sa bénédiction, il répondait : "Je n'en suis pas digne ; il y a tant d'autres prêtres meilleurs que moi !" Une fois qu'un religieux le félicitait d'un beau succès dans une mission : "Mon frère, mon frère, parlons d'autre chose : je suis très porté à l'orgueil". Lorsqu'il arriva au couvent de Bergame, trois mois avant sa mort, malade et exténué par le voyage, il se rendit d'abord à l'église. A l'entrée, il rencontra un jeune clerc. Il se traîna péniblement jusqu'à lui et lui baisa les pieds en disant : "Priez bien pour moi qui ne suis qu'un pécheur".
Avant son entrée dans l'Ordre, les pauvres étaient déjà ses amis les plus chers. Il leur donnait toutes ses économies. Un jour, il donna même une poule que sa mère avait cuisinée et qui devait "durer" toute la semaine ... Le mécontentement de sa pauvre mère ne l'empêcha pas de donner, quelques jours après, son propre matelas au même malheureux.
Une fois capucin, il aurait voulu ne plus manger du tout. Du moins maltraitait-il ce que la survie et l'obéissance exigeaient qu'il avalât, et avec un zèle tout particulier. Sel en abondance, mélange de plantes amères, il avait recours à tous les expédients. "Ces plantes médicinales stimulent mon appétit". Au froid, aux disciplines et macérations diverses, il ajoutait la privation de sommeil. Il se levait chaque heure : "Mon état nerveux réclame ce régime". Il avait aussi une façon très personnelle de faire tenir ses sandales aux pieds : il laissait dépasser les clous à l'intérieur. Tout cela, bien évidemment, dans les limites de l'obéissance. Ainsi, de passage au couvent de Lovere, il est repris durement et publiquement pendant le repas par le Père Gardien qui s'est aperçu qu'il ne mangeait pas ce qui lui était présenté. Le coupable s'inclina vers le supérieur avec grand respect et avala sa portion d'un visage joyeux.
Le chemin de croix était une de ses dévotions favorites. Il ne se lassait pas de le parcourir. Un témoin affirme qu'un jour il fit 14 fois ce saint exercice. Cette prédilection était si notoire que lorsqu'on voyait quelqu'un faire le chemin de croix dans l'église ou au choeur, on se disait : "il doit sortir du confessionnal du Père Innocent !" Lorsqu'il l'accomplissait, il se chargeait les bras de gros et pesants bréviaires, "pour avoir mieux présent à l'esprit l'énorme croix que mes péchés ont placée sur les épaules de Jésus". Mais cela c'est rien en comparaison de son amour pour Jésus-Hostie. Outre les longues heures qu'il passait devant le Tabernacle, abîmé dans une profonde et muette adoration, la messe du Père Innocent est toujours très longue : 2 à 3 heures, sans compter les 2 heures de préparation et les 2 heures d'action de grâces. Un jour qu'il était à l'infirmerie, malade à mourir, il sollicita de son supérieur la permission de se rendre à la chapelle toute proche pour y faire une "courte"· visite au Très Saint Sacrement. "Courte visite, oui, répondit le supérieur, pas plus de 5 mn !" Exactement 5 mn plus tard, le Père sortit de la chapelle. Le Père Gardien glissa dans l'oreille du religieux qui l'accompagnait : "Maintenant, je crois que c'est un vrai saint".
Sa dévotion envers Marie était toute filiale. Il l'appelait sa Mère et en parlait en termes pleins de tendresse. Plusieurs fois, il fut surpris en extase devant son image. Aussitôt après le repas, il allait à l'église ; de l'autel du St Sacrement, il passait à celui de la Ste Vierge où il s'attardait longuement : "Là, je fais mieux la digestion". Il récitait chaque jour son petit office.
Sur son lit de mort, il méditait sur la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ et suppliait ses visiteurs : "Priez pour moi qui ne suis qu'un pécheur". Il écourtait les visites, désirant rester seul pour mieux se préparer à la mort. Il désigna le moment où on devait lui administrer les derniers sacrements et à la fin des dernières prières, qu'il suivit avec une parfaite lucidité, il expira.
ORAISON
O Dieu, qui regardez les humbles avec bienveillance
et méprisez les orgueilleux, accordez-nous, par les mérites
et les exemples du Bienheureux Innocent, votre confesseur,
de vous être agréables par la pratique d'une véritable humilité.
Par Jésus-Christ Notre Seigneur…
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