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Le jardinier
Publié le 15/10/2025

N°18 - Décembre 2007
Chers voisins et amis
Le frère jardinier
En passant d'un atelier à l'autre, aux derniers numéros, nous avions surpris les petits secrets du frère couturier et du frère cordonnier. Bien qu'il fasse un peu frais, allons voir à présent au potager ce qu'y fait le frère jardinier. Tiens ! Il est justement en train d'arpenter son « territoire » (chasse gardée ? Nous verrons plus tard...), pour pouvoir inscrire dans le prochain numéro des « Cloches Messagères », les dimensions de cette parcelle qui fait sa fierté. « Vingt mètres sur vingt-cinq ! ». Tout ça ? A quoi bon ? Oui. Pourquoi un potager ? Mais aussi, pourquoi pas de grands champs comme chez les bénédictins ou les trappistes ?
Les bénédictins, surtout aux origines, vivaient de leurs productions, donc presque en autarcie, principalement pour préserver leur solitude. Cette solitude avec Dieu (d’où vient le mot « moine ». « monachos » en grec, qui veut dire « seul ») est leur but. Leur « spécialité ». et tout le reste, dans leur vie est ordonné à sa réalisation. Leur devise est : « prie et travaille ».
Au contraire, les Ordres comme le nôtre sont plus impliqués dans le monde selon leur vocation apostolique : ils n'ont donc pas le temps de se livrer à ces grands travaux des champs. De plus, saint François souhaitait que nos terres ne soient pas trop vastes, par souci de pauvreté. C'est pourquoi nous ne « produisons » rien pour la vente, de même que le médecin ne produit rien, tout en étant bien utile à la société. Le capucin est à son service par son apostolat, et aussi par sa prière. Il imite Moïse en prière étendant les bras sur la montagne pendant que le peuple combattait dans la plaine. Dès qu'il baissait les bras, les ennemis prenaient le dessus : et quand il les relevait, le peuple hébreu se ressaisissait. Ainsi, nous prions pour vous.
Mais comme on ne peut vivre d'air et d'eau claire, jusqu'à il y a quelques décennies, dans chaque couvent, un frère allait faire la quête en nature pour subvenir aux besoins quotidiens, d'où notre nom d’ « Ordre mendiant ». Ceci faisait aussi partie de notre vie : ce geste humiliant, que saint François tenait en honneur, nous rappelle notre pauvreté devant Dieu, de qui nous recevons tout. Ce contact fréquent avec les gens nous rendait le peuple bien proche.
Toutefois, pour n'être pas trop à charge aux autres, il a toujours été d'usage dans notre Ordre de cultiver un potager pour notre consommation personnelle.
Mais qu'y sème-t-on ? Un peu de tout, [émîmes d'été et légumes d'hiver : salade, courgettes, aubergines, choux, blettes, poireaux, haricots, carottes, céleris, betteraves rouges. Une partie de la production est mise en conserves, en particulier les tomates : à vrai dire, ces dernières n'ont pas eu beaucoup de chance l'été dernier, puisque le soleil ne s'est pas trop montré…
Pour venir à la rescousse du potager, des arbres fruitiers agrémentent le jardin (sans parler de la parcelle de vigne) : pommiers, poiriers, pêchers, cerisiers, cognassiers, pruniers. Là encore c'est l'occasion de faire quelques bonnes conserves pour les desserts d'hiver.
Une partie du jardin est réservée aux fleurs, qui viendront mettre de la joie dans la chapelle, et en particulier sur l'autel (dahlias, tulipes, roses, lis et autres).
Bien entendu, nous partageons ces légumes et ces fruits avec nos sœurs Clarisses, autant qu'elles en ont besoin : elles ont droit à notre sollicitude et ne manquent pas de bonté à notre égard en nous retournant parfois notre envoi sous forme d'un bon plat cuisiné ou un bon dessert.
Mais enfin, qui s'occupe de tout cela ? N'y-a-t-il qu'un seul frère ? Si un frère en est responsable, lequel cumule les fonctions de cordonnier, tailleur, et à ses heures cuisinier, il y a l'aide de tous pour certaines besognes, aux heures de récréations ou le jeudi après-midi. Récolte et équeutage des haricots, épluchage, préparation des conserves, désherbage deviennent œuvres communes, car un couvent capucin est une famille, où l'on s'entraide !
Nous sommes en hiver, le frère jardinier va-t-il souffler un peu ? Mais non ! Il reste le labourage et bien sûr, il profite du temps libre pour s'adonner davantage à ses autres attributions au sein de la communauté.
Axant de nous quitter, notre frère jardinier, uni à toute la communauté, vous souhaite cordialement à tous un joyeux Noël !
PETITE CHRONIQUE ET FIORETTI
25 septembre : Une fendeuse électrique acquise par nos sœurs clarisses vient désormais faciliter et accélérer la fente du bois de chauffage.
Septembre - octobre : La « rentrée scolaire » coïncide avec l'arrivée de trois nouvelles recrues : un Indien, un Français et un Suisse. En se joignant aux trois autres novices (Argentin. Anglais. Polonais), ils multiplient par deux le nombre de nationalités du noviciat ! Premier travail : apprendre le français.
4 octobre : La communauté du Gers est parmi nous pour la retraite annuelle, qui est l'occasion de nos retrouvailles annuelles. Et en ce jour de la fête de saint François, notre novice polonais reçoit l'habit religieux, sous le nom de « frère Maximilien-Marie », porté par son compatriote, saint Maximilien Kolbe, franciscain mort à Auschwitz (1941) en donnant sa vie pour sauver un père de famille.
8 octobre : C'est au tour de nos cinq frères étudiants de faire leur « rentrée ». Quatre frères en philosophie (le quatrième vient d'arriver tout frais émoulu du noviciat, dans le Gers), dont trois entament leur deuxième année. Trois pères leur donnent les cours, qui se font donc sur place, au couvent. Quant au cinquième étudiant, il est en deuxième année de théologie, soit la cinquième année d'étude. Il ne lui reste donc que moins de deux ans avant le sacerdoce.
13 octobre - 21 octobre : Deux Pères sont appelés à Toulouse pour y prêcher une mission paroissiale : sermons, messe, prières chaque jour en fin d'après-midi, et ceci à l'occasion de la présence de la Vierge pèlerine, celle-là même qui était passée ici en mars (cf « Cloches Messagère » n° 16). 20 novembre : Pendant que les viticulteurs taillent la vigne, nous élaguons les platanes. Les fagots sont bienvenus, pour faire une bonne flambée dans la cheminée pendant les récréations du soir en hiver.
27 novembre : Un projecteur est installé à l'entrée du couvent : il s'allume grâce à un œil électronique, rendant la visite au couvent plus accueillante lorsqu'il fait nuit.
8 décembre : Aujourd'hui commence une année jubilaire décrétée par le pape Benoît XVI à l'occasion du 150' anniversaire des apparitions de la Sainte Vierge à Lourdes (1858). Rien de tel que ces anniversaires pour retrouver un nouvel élan au service du Seigneur.
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Une page de dictionnaire : article « Capucin » (suite)
Loin de ne désigner que des religieux vêtus de brun, ce mot désigne aussi des animaux, nous l’avons vu. Mais ce n'est pas tout !
Botanique : En hiver, vous pouvez, malgré le froid, cultiver en votre jardin une bonne « barbe de capucin ». Plante herbacée de la famille des chicorées, et dont la feuille haute se mange en salade. Bien que cultivable, cette chicorée est sauvage, pour cela robuste et légèrement amère.
Technique : « capucin » : anneau qui assujettit le canon d'une arme à feu.
Marine : « capucin » : courbe qui relie l'éperon et l'étrave. ... (à suivre).
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Bons mots et facéties des Pères du désert
Un jeune moine vint prendre conseil auprès d’Abba Moyse :
— Abba lui dit-il. Je comprends comment on peut pécher avec les mains, les yeux, la bouche et les oreilles. Mais comment peut-on pécher avec le nez ?
— En le mettant dans les affaires des autres, répondit l'ancien.
Couvent Saint-François
Morgon
69910 Villié Morgon
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