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Chronique d'Assise n°1 - Juin 2020
Publié le 21/06/2024
Projet de défense de Notre Séraphique Père Saint François
Les Capucins se lancent-ils dans la presse ? Rassurez-vous ! Cette feuille d'information dont vous tenez en main le premier numéro restera modeste. Mais pourquoi se lancer dans l'écriture et la publication d'un nouveau bulletin qui va venir rejoindre ses centaines de frères aînés et peut-être se perdre dans la masse ? C'est qu'il y va de l’honneur, de notre honneur, ou plutôt de l'honneur de notre Père. « Honore ton père de tout ton cœur, et n'oublie point les gémissement de ta mère. Souviens-toi que sans eux, tu ne serais point né, et rends-leur ce qu'ils ont fait pour toi.1 »
Saint François est notre Père et un père dont nous pouvons — ou plutôt devons — être fiers. Saint François est attaqué, défiguré, instrumentalisé par les ennemis de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Notre devoir est de le défendre et de venger son honneur. Voila la raison de cette feuille.
1 - Notre Séraphique Père Saint François est un grand saint catholique
Tout saint canonisé est un grand saint digne d'admiration, de vénération et surtout d'imitation. Tout saint fondateur est le Père d'une grande famille et une lumière dans la sainte Église. Mais peu ont reçu tant d'éloges de la part, non seulement de ses fils, mais de l’Église elle-même par la voix de ses Souverains Pontifes. Nous ne citerons aujourd'hui que le Pape Pie XI dans son encyclique Rite Expiatis du 30 avril 1926, sur le 7° centenaire de la mort de saint François d'Assise :
« Certes c'est un acte téméraire que de comparer entre eux les héros de la sainteté, appelés a la céleste patrie ; le Saint Esprit les a choisis pour remplir auprès des mortels, chacun une mission ou une charge différente ; d'ailleurs, de semblables comparaisons qui, le plus souvent, proviennent des passions mal réglées, sont stériles et injurieuses envers Dieu, l'auteur de la sainteté. Toutefois, il semble bien qu'il n'y eut point de saint en qui l'image du Christ Seigneur et la méthode de vie évangélique aient resplendi avec plus de ressemblance et d'expression qu'en Saint François. Aussi, lui qui se nommait lui-même le héraut du Grand Roi, a-t-il été appelé un autre Christ, parce qu'il a présenté en sa personne a ses contemporains et aux siècles futurs, comme une réincarnation du Christ. C'est pourquoi il vit aujourd'hui devant nos yeux et passera a toute la postérité. (...) Pourquoi, si longtemps après la mort de cet homme séraphique, la piété des catholiques et l'admiration des acatholiques eux-mêmes s'enflamment-elles d'une ferveur nouvelle, si ce n'est que son image resplendit avec le même éclat que jadis et que les peuples implorent sa vertu, si puissante encore, pour leur guérison ? Son action bienfaisante s'étendit, en effet, à l'univers entier, elle restaura en grande partie la pureté de la foi et des mœurs ; elle fit pénétrer bien plus intimement dans la vie sociale les notions de charité et de justice. »
Le Saint Père expose ensuite le but de son encyclique : « exciter dans le peuple chrétien l'esprit franciscain qui, d'ailleurs, ne diffère en rien de l'esprit évangélique », avant de brosser le tableau des principales vertus de notre saint fondateur : la pauvreté bien sûr, sa Dame si chère, l'humilité, l'amour de l’Église, la pureté et la pénitence, la charité enfin. Puis il rappelle sa mission : restaurer l’Église.
Vous comprenez donc pourquoi nous aimons Saint François : c'est notre Père, mais aussi et surtout c'est un très grand saint et un saint qui peut beaucoup pour la sainte Église, aujourd’hui comme hier. Mais voila que ce Père si tendrement aimé et admiré est défigure.
2 - Notre Père est attaqué
La révolution s'est attachée a salir la mémoire de saint François, mais d'une manière particulièrement sournoise et odieuse : en le louant et l'exaltant à sa manière, l'instrumentalisant au service de ses faux idéaux. Dans une conférence récente2, M. l'Abbé Davide Pagliarani a justement fait remarquer que c'est parce que saint François ressemble beaucoup au Christ Jésus, qu'il a été défiguré de la même manière : considérant que l'attaquer de front serait plus nuisible au bourreau qu'à la victime, ses ennemis ont résolu d'exploiter sa réputation et de la faire servir a leur fin. « Jésus-Christ est un grand homme, un super-homme, le plus grand de tous les hommes, mais il n'est qu'un homme, » répètent-ils à satiété. De même ils nous affirment sans sourciller : « François est un grand homme, un grand poète, un grand humaniste, ami de la nature et de la liberté... mais il a été récupéré par l’Église catholique. »
Dés la fin du XIXe siècle on a présenté Saint François comme un révolutionnaire, un précurseur des protestants, un apôtre de la fraternité universelle chère aux Francs-Maçons, un pacifiste avant l'heure. De grands noms se sont attachés a le faire passer pour tel et aujourd'hui encore on le présente comme le Prophète du mondialisme. Son seul tort aurait été de se laisser « tromper » par les princes de l’Église qui l'ont ainsi bâillonné et ont empêché son mouvement de libération de produire ses fruits ! A cela, Pie XI répondait :
« Quelle ineptie, quelle méconnaissance profonde du Pauvre d'Assise manifestent ceux qui, pour servir leurs systèmes et leurs erreurs, inventent un saint François – chose incroyable ! – impatient de la discipline ecclésiastique, ne se souciant guère de la doctrine de la foi et précurseur et avant-garde de ces multiples fausses libertés que l'on commença de glorifier au début de l'époque contemporaine (...) Cet homme catholique et tout apostolique répétait dans sa prédication cet enseignement capital qu'il fallait garder inviolablement la foi de l’Église romaine et (...) observer le plus profond respect envers le clergé3. »
Puis on a prétendu s'entendre avec les « chrétiens séparés, » développant un faux œcuménisme rapidement condamné par les Papes. Et la encore on a trouvé qu'il ferait très bien d'y inviter le Poverello d'Assise, et lorsque l'abomination de la désolation est entrée dans le lieu saint, lorsque les papes eux-mêmes se sont faits promoteurs de cette nouveauté injurieuse pour l’Église et son cher Fondateur, on n'a rien trouvé de mieux que de proclamer Saint François « patron de l’œcuménisme » et c'est à Assise qu'on s'est réuni en une désormais trop célèbre manifestation. Et aujourd'hui, c'est encore « l'esprit d'Assise » que l'on invoque pour présider a toutes les entreprises « œcuméniques ».
Ensuite on s'est rappelé comment l'auteur du Cantique des créatures aimait la nature qui, voyant en lui l'homme parfaitement soumis au Créateur, se plaisait à lui obéir. Alors on s'est dit qu'il ferait très bien la propagande de l'écologie. Et lorsque l’Église elle-même, ou plutôt ses représentants, ont pensé qu'il devenait urgent de trier ses poubelles et de promouvoir une Terre propre, c'est à saint François qu'on a demandé le patronage de cet avilissement de notre sainte Mère l’Église.
Enfin – mais est-ce bien la fin ? – le Poverello, le chantre de Dame Pauvreté, ne pouvait manquer de provoquer l'admiration des socialistes eux-même et des promoteurs d'une « Église pauvre ». C'était facile, c'était presque inévitable, et c'est arrivé. Le Pape François se veut l'instigateur d'une nouvelle économie, l'economy of Francesco, s'il vous plaît. Il fallait cela pour que le tableau fût complet.
Devant un tel spectacle, resterons-nous silencieux et inactifs ? Des voix déjà se sont levées qui ont rétabli la vérité, et nous les en remercions ; mais c'est en tant que fils de Saint François, nous avons le devoir de parler à notre tour.
3 - Les capucins en guerre
« Malheur a moi ! Pourquoi suis-je né pour voir la destruction de mon peuple et la destruction de la cité sainte, et pour y demeurer lorsqu'elle est livrée aux mains des ennemis4 ? » Nous avons déjà élevé la voix dans notre Lettre aux Amis, a différentes reprises ; l'heure est venue d'intensifier le combat. Nous le ferons par ces pages qui [paraîtront aussi souvent que possible]. Nous tacherons de vous exposer le véritable esprit de saint François et de réfuter les erreurs propagées dans le monde a son sujet.
Bien sûr nous ne sommes qu'un petit David en face d'une armée de Goliaths, Mais peu importe. Nous écrirons, pour l'honneur de saint François, nous diffuserons ces feuilles auprès de nos fidèles, de nos Tertiaires et de nos amis, eux-mêmes les reproduiront au besoin pour les diffuser autour d'eux, et saint François sera mieux connu, mieux aimé, mieux imite.
En ce 8° centenaire des premiers martyrs franciscains – qui ont mérité l'éloge du saint Fondateur : « Désormais je puis dire que j'ai cinq Frères Mineurs » – nous nous placerons sous leur patronage. Ils étaient tout imprégnés du véritable esprit de saint François et ils ont manifesté leur amour pour l’Église en donnant leur vie pour leur Foi. Ils sont une démonstration vivante de ce que nous aimerions démontrer au monde moderne : un vrai Frère Mineur est nécessairement un vrai catholique.
Nous ne pouvons mieux faire que de terminer en citant de nouveau Sa Sainteté Pie XI, au début de la même encyclique : « [Nos Fils doivent] rappeler et glorifier en chœur ses actes, ses vertus et son esprit. Rejetant le portait mensonger que se font de cet homme séraphique d'assez récents fauteurs d'erreurs et qui sourit à des personnes mondaines et délicates, ils feront en sorte que tous les fidèles imitent la forme de sainteté qu'il reproduisit en sa personne, d’après la pureté et la simplicité de la doctrine évangélique. »
Frère Antoine de Fleurance, Custode
1 Eccl. 7, 29-30
2 Congrès de Si si, no no - Paris janvier 2020
3 Julien de Spire, Vie de saint François, n° 28
4 I Mac. 2,7
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