LES CAPUCINS AU PROCHE-ORIENT - Capucins de Morgon

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LES CAPUCINS AU PROCHE-ORIENT

Publié le 09/08/2024

 

Pourquoi des catholiques français s’intéresseraient-ils à cette région lointaine, ravagée par la guerre, l’Islam et l’hérésie ? Parce que la France et notre Ordre y ont laissé une partie de leur histoire. Parce que notre Province capucine de Lyon, spécialement, a reçu cette terre de la part de la Sacrée Congrégation de la Propagation de la Foi (ou Propaganda fide), afin d’y semer la parole de Dieu. Avant eux, cette contrée avait été labourée et fécondée par la Province de Touraine dont l’œuvre missionnaire « a été d’inaugurer d’une manière définitive et stable le mouvement de retour vers Rome chez les chrétiens orientaux. Mais pour atteindre ce résultat, ils durent introduire une nouvelle méthode d’évangélisation au milieu de ces contrées [à laquelle] il faut rapporter tous leurs succès »1. Avant de parler de cette méthode, donnons un petit tableau du Levant à l’arrivée de nos Pères.

1. État des lieux avant 1625

Les seuls catholiques du Proche-orient étaient alors les Maronites. Demeurés fidèles à Rome, ils étaient cependant dans un état d’ignorance et de corruption bien lamentable : « À leur arrivée à Beyrouth, à Saïda [ou Sidon] et au Mont Liban, nos Pères trouvèrent l’Église Maronite dans un état de décadence extraordinaire. Le mariage des prêtres a été de tout temps un des grands fléaux de l’Église orientale. Ceux-ci, chargés d’une famille plus ou moins nombreuse, contraints de s’occuper avant tout des besoins matériels de leur maison, n’ont plus le temps de travailler au salut et à l’instruction de leurs ouailles. De plus, le besoin les rend vénals. Ils ne font aucune fonction ecclésiastique, n’administrent aucun sacrement, même celui de pénitence, si ce n’est à prix d’argent. »2 Le peu de messes qui étaient célébrées l’étaient dans un chahut invraisemblable et, comme on l’imagine, plus personne ne se confessait.

Le reste des chrétiens était schismatique. À Antioche, les Grecs Melkites étaient séparés de Rome depuis le Xe siècle. En Arménie, en Judée et en Égypte ils étaient monophysites3 ou monothélistes4. Enfin, en Perse et Mésopotamie ils se divisaient en Nestoriens5, appelés Chaldéens ou Assyriens, et en Monophysites.

2. Les tentatives manquées du passé 6

Aux Conciles de Lyon I (1224) et Florence (1438) eurent lieu quelques conversions d’évêques, mais leur peuple n’a pas suivi. En 1616, un Concile à Diarbékir des évêques chaldéens, sous le Patriarche Élie de Mossoul, renie le nestorianisme et fait profession de soumission à Rome… Mais le Patriarche suivant retournera au schisme.

La volonté (compréhensible au premier abord pour des missionnaires européens) de soumettre les Orientaux au rite latin eut des effets désastreux. Au XIVe siècle en Arménie, cela servit de prétexte aux évêques schismatiques contre les Dominicains, accusés de vouloir changer la religion de leurs Pères ; pour cette même raison, ces missionnaires furent expulsés en 1680. Autre exemple : en Éthiopie, le roi décida en 1620 d’abolir les rites et coutumes de son Église… imprudence qui causa une révolution et l’anéantissement des missions Jésuites.

La solution radicalement opposée, consistant à laisser le converti fréquenter son rite au sein même des schismatiques, ne fut pas plus heureuse. Tentées par les Jésuites au XVIIIe siècle (mais aussi par le Bienheureux Agathange, capucin), ces conversions clandestines ne faisaient que de futurs renégats.

3. La méthode des Capucins en Touraine7

Face à ces échecs, il devint nécessaire de rechercher le moyen de conversion le plus adapté à ces régions. « Au lieu de poursuivre le vain mirage des conversions collectives, [nos Pères] s’appliquèrent aux conversions individuelles, et au lieu d’attirer les nouveaux convertis au rite latin, ou de les laisser communiquer avec les schismatiques, ils créèrent pour ces nouveaux convertis une hiérarchie nouvelle selon leur rite, à côté de la hiérarchie ancienne abandonnée à son schisme... du reste, pour les guider dans cette voie, en ce qui concerne les rites, nos Pères avaient l’autorité des faits récents et les directions déjà précises de la Cour romaine elle-même. »

Nous voyons donc que la méthode de l’Église employée par les Capucins du Levant consistait en deux choses : d’abord, ne pas se contenter de travailler à convertir seulement les Prélats schismatiques et les Princes dans l’espoir d’entraîner tout leur peuple (l’expérience en a prouvé l’insuffisance), mais aller au contact des âmes une à une : cela demande beaucoup de patience et d’énergie, mais le résultat est à ce prix. Ensuite, donner aux nouveaux catholiques les moyens de continuer à pratiquer leur rite, tout en les protégeant du contact des schismatiques.

Et maintenant, regardons les Capucins à l’œuvre mettre en application cette méthode et fonder, avec la grâce de Dieu et le soutien d’autres Ordres, les Églises unies du Proche-Orient.

4. Fondation du Patriarcat latin de Babylone (Bagdad)

Nos Pères arrivèrent à Bagdad en 1628. Le spectacle de leurs vertus et de leur pauvreté obtint la conversion de tous les Jacobites8 de la région, à savoir 40 familles. Le Révérend Père Juste de Beauvais, supérieur, reçut leur profession de foi et accepta, à leur demande, d’être leur chef (1636).

Dans la même période et sur le conseil des Carmes, Urbain VIII décida d’y établir un évêché latin avec juridiction sur l’Assyrie, la Perse et la Mésopotamie. Connaissant la susceptibilité des Orientaux, nos Pères capucins s’y opposèrent de toutes leurs forces… mais leur avis ne parvint pas assez tôt et le nouveau Prélat, Monseigneur Duval, fut envoyé à Ispahan (premier Siège). Comme on pouvait s’y attendre, le roi non prévenu en fut irrité et en blâma le gouverneur de Bagdad. Ce dernier se mit à persécuter les Capucins pour se disculper, les désignant comme les responsables du fait. Lors d’une réception du supérieur (Révérend Père Juste) à son palais, le gouverneur l’empoisonna le 1er Septembre 1638. Puis ce fut le tour du Révérend Père Toussaint de Landerneau, six jours après. Enfin il détruisit l’église des chrétiens. Malgré tout, ce Siège latin finit par s’installer et représente, encore aujourd’hui 9, l’autorité de Rome dans les régions extrêmes du Proche-Orient.

5. Fondation de l’Église chaldéenne unie

On se souvient de la conversion du Patriarche Élie de Mossoul10, obtenue alors par un Frère Mineur de l’Observance, Révérend Père Thomas de Navarre, mais suivie d’un retour au schisme. Pour ramener ce Prélat, la S.C. Propaganda Fide ordonna au Révérend Père Juste de Beauvais (le même qu’au § 4) de fonder dans la région. Il envoya alors les Révérends Pères Michel-Ange de Nantes et Charles-François d’Angers, capucins, qui arrivèrent à Mossoul à Noël 1637, décidés à édifier par la Sainte Pauvreté. Leur réputation les précéda : ils furent reçus comme des prophètes et vénérés par les Turcs eux-mêmes. Le Patriarche se convertit mais, comme de coutume, son successeur retourna au schisme : tout était à recommencer.

C’est là que nos Pères comprirent qu’il fallait s’attacher à convertir chaque âme individuellement, afin que le retour soit solide. Le Révérend Père Jean-Baptiste de Saint Aignan se distingua dans la réalisation de ce plan. Très versé dans la langue chaldéenne, il parcourut le pays avec zèle, fonda à Diarbékir avec trois autres capucins et obtint de nombreuses conversions (en 1672 il y avait déjà 4000 fidèles). Le prêtre nestorien Joseph, de Diarbékir, se convertit, fut sacré évêque et prêcha ardemment contre l’hérésie avec les missionnaires. Persécuté et même torturé, il se retira à Rome où Innocent XI lui conféra le titre de Patriarche des Chaldéens en 1681. Il fut le premier d’une série qui continua, gouvernant les Églises chaldéennes unies de Diarbékir, Mardin, Seert et Géziré.

6. Établissement des trois Églises unies syrienne, grecque-melkite et arménienne11

Le Révérend Père Sylvestre de Saint-Aignan, Custode d’Alep, ramena à l’unité les trois Patriarches schismatiques d’Antioche, avec l’aide des Pères Carmes Déchaussés et des Jésuites. Ceux-ci le choisirent pour aller porter l’acte d’abjuration des Patriarches à Rome (1658), en tant qu’acteur principal de leur conversion.

Puis, de retour en Syrie, il y travailla jusqu’à sa mort (1670) qui fut célébrée comme un triomphe à sa mémoire, par chacune des communautés, dans leur rite propre : « Ce triomphe, du reste, n’avait rien d’exagéré, car l’œuvre du Révérend Père Sylvestre allait être pour cette contrée le point de départ d’une transformation religieuse. Ces trois conversions en effet ne furent pas, comme tant d’autres, de vaines tentatives de rapprochement sans durée ; elles déterminèrent un mouvement de retour vers Rome, qui alla toujours se précisant et se fortifiant et qui depuis lors ne s’est jamais arrêté. Trois Églises orientales unies sont sorties de là ... »

La première abjuration du Patriarche syriaque (Monseigneur Akigian) eut lieu en 1658. Ses successeurs furent persécutés et parfois exilés mais demeurèrent fidèles. Le Patriarcat syrien put enfin s’établir de manière stable en 1783.

Pour l’Église Melkite, le Patriarche Macaire fut réuni à Rome et, en 1687, la hiérarchie catholique grecque-melkite était régulièrement constituée, sous son successeur Dionysios.

L’histoire de l’Église arménienne est plus complexe. Au cours de siècles de persécution, le Siège patriarcal parti d’Etchmiatzin (300) a dû être déplacé à Cis, puis à Aghatamar. Une faction s’installa à Jérusalem (1307) et une autre à Constantinople (1459) … Au terme de quoi on trouvait au XVIIe siècle : un Catholicos (Etchmiatzin) et quatre Patriarches. C’est celui de Cis en Cilicie (Cacciadour) qui fut converti par le Père Sylvestre. Son successeur (retombé puis reconquis) subit une grande persécution et se réfugia à Rome. Une église catholique arménienne se constitua à Alep ; n’ayant plus d’évêque après 1720, elle demeura sous juridiction schismatique jusqu’en 1829.

7. Le XVIIIe siècle : l’apogée puis le déclin12

Nos Pères ont travaillé, durant cette période, à maintenir les postes établis et à étendre leurs conquêtes malgré de très nombreuses persécutions, de la part des Turcs et des Schismatiques, mais surtout de la part des Gallicans !

En Orient, ce furent surtout les Schismatiques qui réagirent devant le progrès constant de nos Missions. Ils obtinrent des autorités turques de Constantinople deux édits :

  1. 1° Interdiction aux « Moines francs » de quitter les lieux ou résidaient les Consuls de leur nation, sous peine de prison.

    2° Interdiction aux Catholiques arméniens de leur donner asile, et interdiction de se réunir hors de la juridiction schismatique.

Mais cela n’arrêta pas les Capucins : ils furent emprisonnés ou bien s’enfuirent aux Monts du Liban … s’ils ne purent rester cachés près de leurs ouailles. Les conversions ne cessèrent pas de ce côté-là. L’ennemi était ailleurs : chez nous, en France !

Le gouvernement royal, corrompu par les juristes gallicans, voulait s’asservir l’Église et la puissance des Ordres religieux missionnaires à l’étranger. En 1644, une lettre de Louis XIV exigea la validation des Décrets de la Propaganda Fide par son gouvernement. En 1682, les écoles ecclésiastiques furent soumises à l’application de la précédente lettre, ce qui provoqua un refroidissement général du zèle missionnaire. Un siècle plus tard eurent lieu la suppression des Jésuites (1764) et l’institution de la Commission des Réguliers (1766), qui faisait des Ordres une institution d’État et interdisait l’entrée au Noviciat avant 21 ans13 ; ces événements ont contribué à tarir la source des vocations et plonger les Custodies14 dans la pénurie de sujets. Ajoutons que cette France de la fin du XVIIIe était gagnée par l’athéisme et la haine contre l’Église : or c’était dans cette société qu’étaient choisis les Ambassadeurs pour l’Orient. Ceux-ci, ainsi que les compatriotes vivant au Levant, mirent de plus en plus d’entraves au travail apostolique de nos Pères.

Puis ce fut la Révolution de 1789 : date de la mise à mort des Missions capucines françaises au Proche-Orient … qui passèrent aux mains des Pères italiens et espagnols, pour celles qui eurent la fortune de survivre.

8. Tentative de restauration, début XIXe 15

Notre Ordre ne commencera à se relever en France qu’après 1820, à Crest (Drôme). Le couvent y est toléré sous le titre de « Séminaire de Saint François d’Assise pour les Missions du Levant », car la France révolution-naire savait que son influence en Orient reposait surtout sur les missionnaires catholiques. Mais les obstacles étaient encore trop nombreux en Métropole pour que le Couvent puisse sauver nos anciennes stations. Ce fut donc la fin d’une lignée de missionnaires français qui avaient travaillé 206 ans au Levant. Des Capucins italiens, puis espagnols, leur succédèrent.

9. Renaissance des Capucins français en Orient 16

L’Ambassade française à Constantinople désirait depuis longtemps le retour des Capucins français. Elle ne put en obtenir qu’en 1875, de la Province de Paris. Notre Général accepta de retirer ces postes à l’Italie, en raison de la grande utilité pour nos couvents de France d’avoir des Missions étrangères, afin d’être autorisés par l’État français. C’est à cette époque que Rome (par la Propaganda fide) et nos Supérieurs religieux demandèrent la fondation de couvents capucins orientaux (nouveauté jamais tentée) en sorte qu’il puisse y avoir un jour des Religieux locaux en mesure de faire un bien durable à leurs concitoyens. La raison principale est que, tout comme chez nous, la foi est portée par la langue liturgique … et cela est spécialement vrai pour l’oriental.17

Cependant, le Père Marcel, chargé de la réalisation, ne partageait pas ce point de vue. « Le caractère des orientaux lui paraissait peu apte aux exigences de la vie religieuse18. Il préféra laisser à d’autres la responsabilité de tenter une telle entreprise. Pour lui, il crut devoir se contenter de la formation d’un bon clergé séculier… Toutefois, afin d’éviter toute précipitation, il évita de formuler son sentiment de manière définitive. Il se mit à l’œuvre, et laissa parler les événements. »19 De fait, il fonda un petit et un grand Séminaire, qui eurent une bonne réputation et de beaux résultats.

10. La Province de Lyon en Mésopotamie20

Depuis le départ des Capucins de Touraine, leur ancien « domaine » avait été partagé : aux Lazaristes (Perse), aux Carmes (Babylone), aux Dominicains (Mossoul et Biblis), aux Jésuites (Syrie) et à d’autres Capucins (Mardin, Arménie et Syrie) italiens puis espagnols.

Mais en 1864, voyant qu’il ne pouvait faire face à toutes les demandes, le Supérieur des Capucins espagnols fit appel à la France pour les raisons suivantes :

  1. en Orient son nom reste souvent respecté ;

  2. elle y exerce le protectorat sur tous les chrétiens ;

  3. les missions y ont été fondées par des Français ;

  4. les secours matériels proviennent surtout de France (œuvres de la Propagation de la Foi, des Écoles d’Orient) avec même des subventions de l’État ;

  5. enfin, la langue étrangère de prédilection est le Français.

C’est pourquoi, le 24 Mai 1893, la Propaganda Fide opéra le transfert de la Mission de Mésopotamie à la Province de Lyon. Cinq religieux furent envoyés. Peu après, en 1895, éclataient les massacres des Arméniens (ordres donnés par Constantinople de tuer tous les hommes et de « convertir » femmes et enfants à l’Islam). Nos Pères ont pu en sauver des milliers de la mort, au péril de leur propre vie.

En 1903, Rome confia à la Province de Lyon toute la Mission de Syrie (qui comprenait le Liban et une partie sud de l’actuelle Turquie). Les massacres d’Arméniens ont recommencé en 190921. La cruauté de ces actes barbares a été vite oubliée à cause de la guerre de 1914-1918. Ceux qui les ont orchestrés ont dit avoir agi par motif politique, mais les Capucins savent bien que là-bas politique et religion sont intimement mêlées. Ainsi, bon nombre des anciens fidèles de nos missions, des enfants de nos écoles, sont morts en vrais martyrs22.

11. Bilan d’après-guerre

Toutes les missions de Mésopotamie, Turquie et Arménie étaient détruites. En 1919, nos Pères ont tenté de les relever, mais la guerre qui continuait là-bas les empêcha sans cesse. Ils furent déportés ou pris par la mort23.

Les Missions de Syrie, quant-à-elles, ont survécu (Liban, Sud Turquie actuelle, Syrie actuelle). Il y avait en 1931 : 9 orphelinats de 330 enfants en tout, un asile de prêtres âgés, 2 dispensaires, 2 cercles de jeunesse, une imprimerie (français/arabe), des ateliers (tissage, cordonnerie, menuiserie, tapis, broderie), 81 fraternités du T.O.F. avec plus de 5500 membres ! Et bien sûr 29 écoles de 1699 élèves en tout. C’était l’œuvre de 24 Pères24, 18 Frères (dont 3 locaux) aidés par 4 prêtres indigènes, 15 sœurs, 10 tertiaires et 23 laïcs.

Terminons ce croquis historique en évoquant les fameuses « œuvres du Révérend Père Rémy », qui fut l’ouvrier providentiel de la résurrection du Liban, œuvres pour lesquelles il reçut mandat du Gouvernement français puis la Légion d’Honneur. Voici la déclaration de M. Soulié, député de Paris et Protestant, parue dans Le Figaro : « Ce sont tous ces Ordres religieux qui, malgré l’indigence de leurs subventions et les difficultés toujours croissantes de recrutement, maintiennent le prestige de la France et le rayonnement de la culture française … Écoutez cet admirable fait. Quand les Européens sont arrivés, après l’Armistice, ils se sont trouvés en présence d’une famine sans nom qui avait causé la mort de plus de 25 000 indigènes. Aujourd’hui encore, dans les montagnes de la Syrie, on voit des masures abandonnées dont les habitants sont morts de faim, laissant des orphelins nombreux. Il y avait là un Père Rémy (Capucin, Curé de l’église cathédrale de Beyrouth) qui semblait jusqu’alors être un mystique occupé de ses prières et de ses autorités. La famine vient ; il se révèle homme d’action, d’initiative. Il recueille tous les orphelins possibles ; il les soigne, il les instruit, il leur met du travail dans les mains et le voilà, ce mystique, qui pour des enfants ressuscite les métiers, les tissages, la fabrication des tapis. À l’Exposition de Beyrouth, d’où je viens, leurs travaux ont émerveillé. »25

12. Épilogue

Par la suite, les Missions ont continué à se développer. On note par exemple les visites du Très Révérend Père Philibert26 en Syrie, où il fonda notamment une école, à Déir-el-Zor (aujourd’hui certainement détruite par Daesh). Mais l’histoire missionnaire de la seconde moitié du XXe siècle est encore éparse, dans des documents qui restent à synthétiser. Nous espérons avoir donné suffisamment d’éléments, quoique bien maladroitement, pour montrer la richesse et la beauté de l’histoire missionnaire des Capucins au Levant. Puisse ce petit aperçu susciter l’intérêt des catholiques et surtout des Capucins27 d’aujourd’hui à l’égard de ces anciennes Missions, pour les stimuler à œuvrer pour la conservation de la vraie foi dans ces contrées où elle est menacée de s’éteindre complètement.

À la plus grande gloire de l’Immaculée.

 

 

1R.P. Hilaire de Barenton O.M.C., La France catholique en Orient, Paris 1902, p.140

2Ibidem, p.155

3Hérétiques affirmant une seule nature en Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour défendre son unicité de Personne. En réalité, le Christ a les natures divine et humaine.

4Hérétiques affirmant une seule volonté en Notre-Seigneur Jésus-Christ. En réalité, le Christ a deux volontés, correspondantes à ses deux natures.

5Hérétiques affirmant une double personnalité en Notre-Seigneur Jésus-Christ. En réalité, le Christ n’est autre que l’unique Personne divine du Verbe, existant sous deux natures.

6Ibidem, p.140-141

7Ibidem, p.142

8Monophysites syriens fondés par Jacques Baradaï (†578), moine de Constantinople sacré secrètement évêque d’Edesse qui organisa cette Église schismatique déguisé en mendiant (« baradaï » signifie guenille).

9Mgr Carlo-Maria Vigano y a travaillé au début de sa carrière sacerdotale. Il a été en effet Adjoint au Pro-Nonce Apostolique, Mgr Rupp, à la Nonciature de Bagdad [Oriente Catholico, Rome 1974, p.37, S.C.Egl.Orientales].

10Voir §2 du présent article.

11R.P. Hilaire de Barenton O.M.C., La France catholique en Orient, Paris 1902, p.149 sv.

12 Ibidem, p.182 et sv.

13Cf. G. de Gorze : « La subversion de la vie religieuse », dans Le Sel de la Terre n°93, été 2015, p. 91 à 96.

14La Custodie désigne un territoire de mission, placé sous la dépendance d’un Supérieur nommé Custode et dont les fonctions sont semblables à celles d’un Ministre Provincial.

15R.P. Hilaire de Barenton O.M.C., La France catholique en Orient, Paris 1902, p.235 sv.

16Ibidem, p.240 sv.

17Ibidem, p.247

18L’expérience a montré qu’il se trompait. En effet, le vie religieuse s’est développée admirablement au Proche-Orient, quelques décennies plus tard, et spécialement au Liban, où le R.P. Jacques de Ghazir a laissé à sa mort, en 1954, 150 religieuses du T.O.F. (les Soeurs Franciscaines de la Croix du Liban) soumises à une observance rigoureuse et donnant l’exemple d’un dévouement souvent héroïque.

19Ibidem, p.257

20Ibidem, p.277 sv.

21R.P. Constant, Capucins Missionnaires : Syrie, Liban, Turquie, Marseille 1931, p. 36

22Ibidem, p.109

23Ibidem, p.114

24Une mention spéciale doit être accordée au R.P. Jacques de Ghazir, cet autre Saint Vincent de Paul du Liban, dont nous espérons pouvoir présenter la vie et l’œuvre immense dans un prochain article.

25Ibidem, p.118

26Supérieur et ami de notre Père Eugène de Villeurbane !

27Selon le désir exprès d’un de nos plus vénérables Généraux, le Révérendissime Père Bernard d’Andermatt, qui a tant fait pour les Missions.

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