Chronique d'Assise n°4 - Capucins de Morgon

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Chronique d'Assise n°4

Publié le 14/10/2024

Décembre 2021

 

Le véritable esprit de St. François, « homme très catholique »

 

       La PRIMAUTÉ absolue du Christ, PRÊCHÉE par St. François : « Je suis l'ALPHA et l'OMEGA, le premier et le dernier, le commencement et la fin. » Apoc. 22,13

1  - Les trois ROME :

       Lorsque la Rome païenne vit pour la première fois arriver Jésus-Christ en ses murs et qu'elle connut ses prétentions divines, elle lui réserva un accueil on ne peut plus amical : « Installez-vous là entre Junon et Mars ; prenez bonne place non loin de Jupiter... ».[1] Mais le Christ, « Vrai Dieu de Vrai Dieu » ne pouvait guère se contenter d'un piédestal dans le panthéon romain : seule la Primauté divine, à l'exclusion de tout autre, pouvait Lui suffire. Il l'obtint, et Rome devint éternelle.

       Lorsque la Rome conciliaire vit arriver Notre Seigneur à Assise en 1986, lors de la réunion œcuménique, elle l'accueillit d'une façon qui choqua tous les vrais catholiques : « S'il vous plaît tenez-vous là, dans le coin derrière Bouddha, et surtout ne dîtes rien.... car ce sont Allah et Shivah qui auront la parole ». Mais le Christ « Vrai Dieu de Vrai Dieu » ne pouvant se satisfaire de gagner Assise « sans déranger », passa outre et n'y vint pas du tout. Il préféra demeurer en la Rome éternelle où l'on reconnaît encore qu'il est « l'alpha et l'omega, le premier et le dernier, le commencement et la fin ».

       Pleinement attachés à la Rome éternelle, les Capucins de la Tradition souhaiteraient réparer les terribles affronts faits au Seigneur Jésus-Christ depuis la grande trahison accomplie en la ville de leur Père Saint François.[2] Pour ce faire, après avoir rappelé l'enseignement catholique sur la Primauté absolue du Christ, ils laisseront leur Séraphique Père se faire l'écho vivant de la Tradition catholique : il condamnera ainsi lui-même « l'esprit d'Assise », qu'il ne cautionne en rien, ni par sa vie, ni par ses paroles.

2  - L'Alpha et l'Oméga :

       Peu après que Rome se fut convertie, les artistes chrétiens se mirent à tracer en maints endroits la première et la dernière lettre de l'alphabet grec, l'alpha et l'omega. Que voulaient-ils signifier par là ? Quelle doctrine matérialisaient-ils en leurs œuvres d'art ?[3] On trouve la base scripturaire nécessaire pour expliquer ce fait dans l'Apocalypse de Saint Jean, le livre des « Consolations », oh ! combien lumineux pour notre temps. En effet, dès le début de cette révélation, le Voyant de Patmos entendit Dieu prononcer ces solennelles paroles : « Je suis l'alpha et l'omega, le commencement et la fin » (Apoc. 1,8). Il est à noter que, déjà dans l'Ancien Testament, notre Dieu avait revendiqué équivalemment le titre d'Alpha et d'Oméga : « Qui a fait cela ? Qui l'a accompli ?... Moi, Yawheh, qui suis le premier et le dernier » (Is. 41,4 ; cf aussi Is. 44,6 et 48,12).                          

       Mais voici que le disciple bien-aimé entend les mêmes paroles prononcées par Jésus, son Divin Maître ressuscité : « Ne crains point ; je suis le premier et le dernier, et le Vivant ; j'ai été mort, et voici que je suis vivant aux siècles des siècles » (Apoc. 1,17). Le Christ Jésus est encore plus formel vers la fin de la grande Vision : « Je suis l'alpha et l'omega, le premier et le dernier, le commencement et la fin » (ib. 22,13). Saint Jean n'est pas le seul auteur inspiré à appliquer au Verbe incarné ce que l'Ancien Testament rapporte de Yawheh. Le Père Prat, en son commentaire des Épîtres de Saint Paul (t.V, p. 140), constate que l'Apôtre fait de même en maints endroits de ses écrits. Citons seulement l'Épître aux Colossiens (1,20) pour l'Oméga, c'est-à-dire la fin de toutes choses, "Il a plu au Père de faire habiter dans le Christ toute la plénitude, et par Lui [dis-je] de réconcilier toutes choses.... soit ce qui est sur la terre, soit ce qui est dans les cieux." Mais comment bien entendre ce qui semblait doctrinalement très parlant pour les premiers chrétiens ? Voici la paraphrase bien explicite qu'en donne l'Abbé Raphaël Eyzaguire : « Moi, je suis l'alpha et l'omega, c'est-à-dire le premier dans l’existence et le créateur de toutes choses, et le dernier à cause de I'éternelle jeunesse dont je jouis et que je communique aux bienheureux, principe de toutes créatures et fin ultime de leur existence »[4]

       Ce qu'ont donc voulu professer par leurs œuvres les artistes chrétiens du IVème siècle, c'est leur Foi en la Primauté absolue de Jésus-Christ, et conséquemment en sa Royauté universelle. Ils avaient bien saisi qu'au Dieu fait homme ne revenait pas moins que la première place en tout et pour tout, et que toute créature n'a de sens ici-bas que si elle est pour Lui : je viens de Jésus « Alpha » et je dois retourner à Jésus « Oméga ».

 3 - Le héraut du Grand Roi :

       Mais l'homme n'est qu'homme : sur la durée, la fidélité n'est pas son fort. Si bien qu'au XIIIème siècle notre Père céleste jugea qu'il était temps de rappeler aux chrétiens la Royauté de son Fils. Dans sa sagesse il confia cette mission à un petit homme de la ville d'Assise nommé François Bernardone. Voyez comment le Bon Dieu confond la sagesse de ce monde : « Vêtu de quelques hardes, lui autrefois couvert d'écarlate, François s'engagea dans la forêt, chantant en français les louanges de Dieu, tout à coup des brigands fondirent sur lui et, d'un air menaçant, lui demandèrent qui il était : " le héraut du grand roi ; cela vous gêne ? ", répondit l'homme de Dieu à pleine voix et avec assurance. Mais eux le rudoyèrent et le culbutèrent dans un fossé profond rempli de neige, en disant : " Reste, dors là-dedans, espèce de croquant qui fait le héraut de Dieu ! ". Quand ils se furent éloignés, François fit des pieds et des mains pour se dégager de la neige, sortit du fossé, se mit à rire de tout son cœur et de plus belle, fit retentir les bois des louanges du Créateur de toutes choses »[5].

       Et, sa vie durant, celui qui deviendra le Séraphique Saint François, ne manqua pas une occasion d'être le messager, l'annonciateur de son Roi Jésus. Voici quelques exemples nous montrant qu'en « homme très catholique » frère François ne s'est pas arrêté à une vue humaine du Christ, mais qu'au contraire il confessa de bouche, de cœur, de vie, sa divinité et donc sa Primauté royale, suprême, absolue : jésus « alpha ».

       Le petit pauvre d'Assise commence, en sa première admonition[6] par réaffirmer ce qu'il en coûte de ne pas croire que son Roi est dieu : « C'est pourquoi furent damnés, ceux qui autrefois n'ont vu dans le Seigneur Jésus que son humanité, sans voir ni croire, selon l'esprit et selon Dieu, qu'il est le Vrai Fils de Dieu... » Irons-nous tous au Paradis ? Oui, si on reconnaît en Jésus non seulement un homme, mais aussi l'unique vrai Dieu, ou comme le nomme Saint François en cette même exhortation, le « Très Haut ».

       Mais si Jésus est Dieu, Il est l'Alpha, le principe de toutes choses. Arrivé au soir de sa vie, notre héraut est dans l'impossibilité d'aller visiter tous et chacun du fait de ses maladies et de la faiblesse de son corps ; renoncera-t-il à sa mission ? Non, bien au contraire, rien ne peut l'arrêter. Il se met à rédiger une « Lettre à tous les fidèles » pour transmettre les paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est la Parole du Père. De cette lumineuse profession de foi, voici l'extrait qui nous intéresse : « Parce que [Jésus-Christ] a tant souffert pour nous [comme homme] et qu'il nous a apporté et nous apportera dans l'avenir tant de biens, que toute créature qui est dans le ciel et sur la terre, dans la mer et dans les abîmes, rende à Dieu louange, gloire, honneur et bénédiction, car Celui-là seul est notre vertu et notre force, qui est le seul bon, le seul très haut, le seul tout-puissant et admirable, le seul glorieux et saint, qu'il faut louer et bénir dans les siècles infinis des siècles. Amen ». Après cela, prétendre appuyer sur Saint François le panthéon de l'œcuménisme conciliaire, c'est tromper son monde. Le mensonge de l' « esprit d'Assise » démasqué, ne manquons pas pour notre part de vivre de Jésus « Alpha » ; cette vérité doit mettre ordre en notre quotidien en faisant de nous des adorateurs fervents de Celui « pour qui tout a été fait » (Jn. 1, 3 et I P. 3, 18) : JÉSUS « OMÉGA ».

       Tout nous vient du Christ Créateur de toutes choses, tout doit par suite Lui être rendu comme Lui appartenant de droit ; bienheureux donc le serviteur qui fait hommage au Seigneur de tout ce qui lui a été donné de bon ; garder un talent confié, c'est le cacher au fond de soi comme l'argent de son Maître (cf. Admonition 19, 1).

       Comment ne rien conserver égoïstement pour soi, mais bien tout rendre à Jésus, « Seigneur de l'univers » ? Avant sa prédication par la parole, la vie de frère François nous est un édifiant exemple et enseignement : « En voyage aussi, très souvent, à force de méditer et de chanter Jésus, il oubliait sa marche et invitait tous les éléments à LOUER Jésus avec lui »[7].

       Saint Augustin nous expliquera comment une vie de louange est une vie qui marche vers son but, Jésus « OMEGA » : « Vous voulez dire les louanges de Dieu ? Soyez ce que vous dites ! Vous êtes sa louange, si vous vivez selon le bien ». Pour Saint François c'est une évidence : notre sœur hirondelle est une louange à son Créateur en étant ce qu'il veut qu'elle soit ; de même pour frère Soleil, sœur Eau... et frère Virus. Toutes ces créatures ne « songent » même pas à viser autre chose que la gloire du Christ. Cela se complique pour nous autres, puisque nous pouvons par orgueil, égoïsme... choisir quelqu'un d'autre que Notre-Seigneur pour « Oméga ». C'est tout le drame actuel : les hommes ont, pour beaucoup, perdu le but de leur voyage terrestre...

       Déjà en son temps François voulut rappeler ce nécessaire chemin du retour à Dieu et à son Christ. Pour ce faire, lui le frère « mineur »[8]  lança cette vibrante exhortation digne d'un grand évêque : « Lorsque le prêtre Le consacre sur l'autel, lorsqu'il Le transporte, que TOUT le monde se mette à genoux pour rendre louange, gloire et honneur au Seigneur Dieu vivant et vrai.

       Enseignez et prêchez à TOUS les peuples ce devoir de Le louer pour qu'à TOUTE heure et au son de la cloche louanges et actions de grâce soient rendues TOUJOURS par TOUT le peuple et sur TOUTE la terre, au Dieu tout-puissant »[9].

       Nous n'avons pas là un enseignement nouveau puisque Saint Paul s'exprimait lui-même ainsi : « C'est en [Jésus-Christ] que nous avons aussi été établis héritiers, prédestinés que nous étions, selon le dessein de Celui qui accomplit tout au gré de sa volonté, à servir de LOUANGE, pour sa GLOIRE, mais qui par avance avions mis notre espoir dans le Christ » (Eph. 1, 11-12).

       Sur le déclin de sa vie, c'est bien par la louange que Saint François rendit tout ce qui lui restait de vie au Seigneur. Une nuit d'insomnie et de souffrance, le stigmatisé de l'Alverne était à bout de force et au bord du découragement. Il suppliait le Bon Dieu de le prendre en pitié. Il entendit alors une voix intérieure :

       « "François réjouis-toi comme si tu étais déjà dans mon royaume..." Placé ainsi dans une divine lumière, un immense élan de louange réveilla en lui des réserves d'enthou­siasme. Ayant appelé ses frères, il s'assit sur sa couche, se concentra quelques instants et se mit à chanter : " Très Haut, tout-puissant, bon Seigneur à Vous les louanges, la gloire et l'honneur et toute bénédiction ; à Vous seul, Très Haut, ils conviennent, et nul homme n'est digne de Vous nommer "... »

       Ce cantique fut pour lui comme le chant du cygne par lequel il achevait ici-bas de servir de louange pour la gloire de son Grand Roi.

       On ne peut mieux achever de livrer l'esprit véritable de notre Séraphique Père qu'en donnant le témoignage de ses frères : « François avait aimé Jésus de tout son cœur, et l'âme sans cesse occupée de son souvenir, il L'avait loué dans toutes ses paroles et glorifié par la fécondité de ses œuvres... Son amour pour Dieu était si profond et si ardent que lorsqu'il entendait prononcer son Nom, il sentait son cœur se fondre dans sa poitrine : Le Ciel et la terre devraient s'incliner au Nom du Seigneur !» [10]

 

Saint François, le " Héraut du Grand Roi "

      Le salut de notre pauvre monde ne peut venir par un autre que Celui qui nous dit  aujourd'hui : « Je suis l'alpha et l'omega». L'homme aura beau chercher d'autres solutions de paix, de bonheur, à l'avance nous disons que ces « solutions » sont trompeuses et vouées à l'échec. Il n'y en a qu'un qui doit être au début et à la fin de toute vie humaine, c'est notre Grand Roi Jésus... Et le jour vient où le jugement qu'il prononcera sur chacun de nous sera infaillible, définitif ; aucun recours, aucun appel ne pourra prévaloir contre Lui. Parce qu'il est le Principe d'où procèdent toutes choses et la Fin à laquelle elles tendent : « Rien ne M'est inconnu, rien ne m'est impossible, rien ne peut arrêter Ma Volonté. Préparez-vous par la pénitence et le regret de vos fautes à paraître devant Moi... Bienheureux, ceux qui auront lavé leur robe dans Mon Sang ; ils seront un jour admis à manger le Pain de vie. »

 

       Louanges à Dieu, à Marie et à François !

Fra Maurizio

 
[1] - Mgr I.efebvre « le MAL du Concile (Vaticanll), c'est l'ignorance de Jésus-Christ et de son Règne, c'est le mal des Mauvais Anges, c'est le mal qui est le chemin de l'Enfer ».
[2] - Cette trahison fut plusieurs fois renouvelée à Assise : Janvier 1993 et Janvier 2002.
[3] - L'art chrétien fait partie de ce que l'on nomme les « monuments » de la Tradition, c'est-à-dire qu'il a véhiculé des vérités révélées pour en assurer la transmission aux différentes générations de chrétiens qui se sont succédées.
[4] -Raphaël EYZAGUIRE, « Apocalypse interpr. Litt. », Rome 1911. 
[5] - I Celano 16.
[6] - Ces « admonitions », au nombre de 28, constituent comme le « Sermon sur la montagne » de Saint François (expression du R. P. Culhbert OFM.Cap.)
[7] - I. Celano 115.
[8] - de « minor » en latin : plus petit ; St. François voulut que les frères de son Ordre portent ce titre de « minores » afin qu'ils demeurent dans l'Église les plus petits. 
[9] - Lettre à tous les custodes (supérieurs et religieux).
[10] -  « Trois compagnons » 68.

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