Lettre aux amis de Saint François n°4 - 1987 - Capucins de Morgon

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Lettre aux amis de Saint François n°4 - 1987

Publié le 22/10/2024

Année 1987 – en la fête de Ste Elisabeth de Hongrie


Chers amis de Saint François,


       Pour mieux vous faire connaître le Tiers-Ordre de Saint François, je vous en propose un petit aperçu.


       Institution : « Et marchant sous l'impulsion impétueuse de l'Esprit, sans se soucier ni de route, ni de sentier, ils arrivèrent à un village qui s'appelait Cannara. Et Saint François se mit à prêcher, et ordonna d'abord aux hirondelles qui chantaient de garder le silence jusqu'à ce qu'il eût prêché. Et les hirondelles lui obéirent. Et là, il prêcha avec tant de ferveur que tous les hommes et les femmes de ce village voulaient par dévotion le suivre et abandonner leur village ; mais Saint François ne le permit pas et leur dit : « Ne vous pressez point, ne partez pas, je réglerai ce que vous devez faire pour le salut de vos âmes. » Et il eut alors l'idée d'instituer le Tiers-Ordre pour le salut universel de tous. Et les laissant ainsi très consolés et bien disposés à la pénitence, il quitta ce lieu et parvint entre Cannara et Bevagna. » (Fioretti de St François).

       Qu'est-ce que St François a voulu proposer aux personnes du siècle par le Tiers-Ordre ?.

       C'est de vivre l'idéal évangélique, de suivre l'esprit des béatitudes sans entrer dans un ordre religieux proprement dit ; cela se faisant en s'attachant à la note particulière que St François donnait à l'idéal évangélique.

       St Pie X lui-même disait, s'adressant aux ministres généraux des Trois Ordres Franciscains : « Nous estimons, chers fils, que le premier travail de tous doit être de faire connaître de plus en plus ce qu'est le Tiers-Ordre de par la volonté même de son Législateur et Père, la fin qu'il lui a assignée, et de montrer qu'il ne diffère pas des deux autres Ordres (le 1er Conventuel, Franciscain ou Capucin, et le 2e Clarisses) par sa nature mais par cela seul qu'il TEND AU MÊME BUT PAR UNE MÉTHODE PROPRE ».

       Le même St Pie X continue : « La règle du Tiers-Ordre consiste pour ses membres à pratiquer eux-mêmes chaque jour les enseignements de la perfection évangélique et à donner aux autres un exemple de vie chrétienne à imiter ».

       Reprenons la parole de St François : « Ne vous pressez point, ne partez pas, je réglerai ce que vous devez faire pour le salut de vos âmes » ; et St François donna donc une règle pour ceux qui, par état et devoir, doivent rester dans le monde. En donnant quelques prescriptions simples et pratiques, il permettait de vivre quotidien­nement et magnifiquement le Saint Évangile et encourageait aux œuvres de miséricorde. Il donnait à tous la possibilité d'être réellement de véritables imitateurs de Jésus-Christ. Ceci par son Idéal séraphique.

       Cette voie de St François quelle est-elle ?  La pauvreté, l'humilité, la joie, la douceur, la patience, la mortification..., oui, elle est tout cela ; mais elle est bien plus que cela, elle est par-dessus tout un amour passionné, un amour illimité pour Jésus-Christ dans son Incarnation et dans sa Passion. St François fut consumé, dévoré, submergé par cet amour de Notre Seigneur Jésus-Christ. Le simple souvenir des souffrances du Christ lui faisait verser des larmes abondantes.

       Mais le Tiers-Ordre de St François est-il approprié à notre temps, n'est-il pas dépassé ? Non, car l'idéal évangélique est toujours d'actualité, plus que jamais même !

       Le Tiers-Ordre possède en lui-même une valeur de formation et de réforme ; de sorte qu'il est capable d'amener les croyants à la vraie pénitence (c'est-à-dire le renoncement à soi-même et l'amour pour Jésus) et de ramener au Christ Rédempteur et à la Sainte Église Catholique ceux qui ont abandonné la foi et se sont malheureusement éloignés de Dieu. Il possède en outre une vertu surnaturelle innée sous l'impulsion de laquelle les Tertiaires n'hésitent pas à se dépenser avec joie pour leurs frères. En estimant à leur juste prix les choses qui passent, ils trouvent ainsi la force de « Mépriser les biens de la terre et de se réjouir toujours dans la possession des biens célestes ». Il possède aussi, son organisation sociale si admirable que par sa force intérieure et son activité extérieure, il atteint son but d'une manière tout à fait efficace ; et qu'en se livrant surtout aux œuvres de miséricorde tant spirituelles que corporelles, il est capable de faire face aux nécessités et exigences de toute sorte. Il enseigne la mesure, la modération et la fin surnaturelle, par l'exemple d'abord, mais parfois aussi par la parole ; pour l'usage quotidien des biens, il enseigne une règle de conduite d'où la paix et le bonheur naissent puis s'épanouissent, dans la vie familiale et sociale, par la pénitence et la joie parfaite au milieu de l'adversité.

       Le Tiers-Ordre possède enfin en lui-même ce puissant esprit chrétien que l'on désigne et que l'on reconnaît comme l'esprit vraiment séraphique ; il est certain que non seulement il enseigne une formation spirituelle mais qu'il la communique aux autres fidèles qui désirent atteindre une perfection et une activité chrétiennes plus pleines et plus épanouies. L'histoire des sept derniers siècles, jusqu'à nos jours, prouve qu'il n'y a absolument aucun problème concernant la vie chrétienne des particuliers, des familles ou des citoyens qui ne puisse être résolu par le moyen d'une interprétation convenable de la Règle du Tiers-Ordre.

       Pour conclure : quelques extraits d'un discours de Sa Sainteté Pie XII prononcé à l'occasion d'un congrès du Tiers-Ordre en 1956.

       « ...Il y a donc une doctrine franciscaine selon laquelle Dieu est saint, est grand, mais surtout est le Bien, ou mieux encore le Bien suprême. Pour elle, Dieu est amour, il vit d'amour, crée par amour, s'incarne et rachète par amour, c'est-à-dire sauve et sanctifie...

       ..Il y a enfin une manière franciscaine d'imiter Jésus. Votre Séraphique Père chercha et trouva dans l’Évangile, ouvert presque au hasard, trois paroles du divin Maître. La première disait : « Si tu veux être parfait, va, vends, ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel » (Mat. 19, 21) ; la deuxième donnait l’avertissement : « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive » (Mat. 16, 24) ; la troisième enfin : « N'emportez pas de bourse, pas de besace, pas de chaussures » (Luc 10, 4). Et de dire alors le Saint Patriarche : « Voilà quelle sera notre Règle ».

       De là, la pauvreté franciscaine qui fuit le luxe et aime particulièrement ce qui satisfait le moins les yeux et la vanité ; de là, LA SIMPLICITÉ FRANCISCAINE QUI PORTE L’AME A CHERCHER DIRECTEMENT DIEU, EN SUIVANT LA VOIE COURTE, LA VOIE SIMPLE, QUI EST DE CONSIDÉRER MOINS SA LAIDEUR PERSONNELLE ET DAVANTAGE LA BEAUTÉ INFINIE DE DIEU ; de là, le renoncement franciscain, total, continuel mais sans à-coups, sans heurts, sans regrets ; de là, la franche joie franciscaine, qui n'est pas la gaieté bruyante, ni le rire désordonné, mais bien plutôt le sourire paisible, plein d'aimable sérénité.

       De là, surtout, la charité universelle qui, voyant tout et tous en Dieu, aime tout et tous en Lui et pour Lui ; en tout et tous prend plaisir, prenant plaisir en Dieu. « Deus meus et omnia ». (Mon Dieu et mon tout).

       C'est de cet esprit franciscain, de cette vision franciscaine de la vie que le monde a besoin. A vous chers fils, il appartient de la connaître à fond, de l'aimer avec enthousiasme, surtout d'en vivre avec la perfection que permet votre état ».


Fr. Antoine

 VIE DE LA COMMUNAUTÉ :

       De joyeux événements viennent toujours marquer notre habituelle régularité.

       Le 6 juin, ordination du Diaconat du Frère Maximilien-Marie, cette année il poursuit ses études au Couvent.
le 22 juin, visite discrète mais combien chaleureuse de Son Excellence Monseigneur Lefebvre ; après un tour rapide du Couvent, la simplicité de la table capucine tâcha de se montrer à la hauteur de son hôte. Merci à Monseigneur Lefebvre de s'être arrêté au Couvent St François ; sa présence apporte toujours le réconfort de la paix et de la joie du Seigneur ; nous lui renouvelons notre attachement et notre fidélité.

       -  nos trois novices persévèrent; la profession simple du premier, le Fr. Léopold, aura lieu pour la fête de l'Immaculée Conception. Ils commencent leurs études de philosophie au mois de novembre sous la direction du R.P. Jean-Joseph.
deux postulants devraient nous rejoindre d'ici la fin de l'année ou au début de l'autre.
       -  le Très Révérend Père Dom Gérard du Barroux nous a fait la bonté et la grâce, malgré toutes ses occupations, de venir prêcher notre retraite annuelle de communauté.
       -  pour l'anecdote : nous avons cette année pour la première fois participé aux vendanges, qui animent grandement notre région du Beaujolais, mais seulement dans notre petit carré de vignes et chez un ami du couvent qui avait un besoin urgent de main-d'œuvre.


TOUR D’HORIZON SUR NOTRE APOSTOLAT :


       Notre Vénéré Père Eugène nous fait régulièrement de très bons sermons au Couvent. Au mois de juin, il s'est rendu en Bretagne ; chez nos Sœurs en St François (« Petites Sœurs de St François », Lanorgard, Le Trévoux - 29114 BANNALEC) pour leur prêcher une retraite. Le Révérend Père Eugène aime bien faire un peu de ministère mais il apprécie aussi le doux repos d'une retraite plus que méritée après tant de travaux ; son âge lui recommande et, d'une certaine manière, lui impose.

       Le Révérend Père Crispin se rend un jour par semaine à l'École St Jean Bosco pour y assurer l'aumônerie ainsi que l'enseignement religieux ; l'école compte cette année 48 élèves ce qui demande la présence toujours plus assidue d'un prêtre. Il s'occupe aussi des Scouts de Châtillon sur Chalaronne. Nous desservons deux fois par mois dans cette ville la Chapelle du Sacré-Cœur, partageant ce ministère avec le prieuré St Irénée de Lyon (Fraternité St Pie X).

       Durant le mois d'août, le R.P. Jean-Joseph a suivi le Camp M.J.C.F. de la région Rhône-Alpes en Andalousie. Cette « expédition » lui a permis de marcher sur les pas de l'un de nos très grands Saints Capucins, le Bienheureux Diego-Joseph de Cadix († en 1801).


       Ayant à cœur de promouvoir le Tiers-Ordre de St François, nous aidons quelque peu à la rédaction de sa lettre ; le soin du Tiers-Ordre est un de nos premiers devoirs d'autant plus que c'est un excellent moyen de sanctification pour les âmes qui vivent dans le monde.


       l y a également le ministère que nous avons la charge d'exercer auprès des fidèles qui gravitent autour de notre maison et nous font la joie d'assister régulièrement à nos offices.


       Tout cela s'ajoute à la nécessité première de former les nouveaux religieux sans délaisser les anciens. Aussi il nous est difficile aujourd'hui d'assurer davantage d'apostolat.

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