Lettre aux amis de Saint François N°5 - 1999 - Capucins de Morgon

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Lettre aux amis de Saint François N°5 - 1999

Publié le 16/01/2025

Année 1999 -La Portioncule Berceau de l'Ordre

Chers amis de Saint François,

       Quelques lignes sur notre Pauvreté Séraphique ou Très Haute Pauvreté.

       Il est toujours bon avant de donner quelques explications sur un sujet de retourner aux sources. Pourquoi St-François s'est-il épris de la Pauvreté avec tant d'ardeur ? Parce que Notre Seigneur Jésus Christ en était épris aussi. Prenons un passage du St Évangile parlant de cette vertu ; il y en a plusieurs ! (il nous faut choisir) : étudions celui du Jeune Homme riche en Matthieu XXX 16-23 (la suite n'est pas moins importante).

       La question du jeune homme est pertinente ! « Maître, que dois-je faire de bon pour posséder la vie éternelle ? ». Notre Seigneur lui parle des commandements... Mais il ajoute ensuite : « Si tu veux être parfait, vas, vends ce que tu possèdes, donnes-le aux pauvres et tu auras un trésor aux cieux ; puis viens et suis-moi ».

       St-Marc donne ce détail charmant : « Alors Jésus fixa sur lui son regard et l'aima ».

       Il ne lui dit pas d'abord : « Tu m'obéiras en toutes choses », ou « tu garderas inviolablement la chasteté, tu seras humble, tu pratiqueras une charité ardente ». Non, Notre Seigneur lui dit tout simplement : « Si tu veux être parfait : (d'abord) vas, vends ce que tu possèdes, donnes-en le prix aux pauvres ».

       C'est ce que Notre Séraphique Père a pratiqué à la lettre. Oui l'amour de Dieu, de Notre Seigneur Jésus Christ exige le détachement total des biens périssables, et autant que possible même le dépouillement réel, effectif de tout bien.

       Si nous voulons que toutes nos espérances soient dans le ciel, que le paradis soit vraiment notre patrie, ce détachement, ce dépouillement est nécessaire : là où est votre trésor, là est votre cœur. Si notre trésor est dans les richesses de ce monde, dans toutes ces choses qui passent, alors notre cœur périra avec elles.

       Qui veut la fin, veut les moyens : alors François tout embrasé de la patrie céleste donne les consignes à ses frères.

       Ne pas utiliser d'argent : si ce n'est en cas de grave nécessité et avec prudence. (C'est l'appât du gain qui poussa Judas à trahir N.S. J.C.). Les frères ne doivent rien posséder en propre, ni en commun mais doivent vivre comme pèlerins et étrangers en ce siècle, le regard toujours fixé vers la patrie du Royaume Céleste, leur fin et leur béatitude. Pour tout ce qui est nécessaire au maintien de la vie qu'ils en usent avec simplicité et pauvrement, se contentant de peu et trouvant toujours trop ce qui leur est départi.

       Jésus était nu sur la Croix.

       La Richesse de François, son Trésor merveilleux, c'est la Très Haute Pauvreté. Mais ce n'est pas pour elle-même que François chérit tant Dame Pauvreté, mais pour son Union intime avec le Crucifié. Elle est la Compagne de tous les instants de la vie de Jésus, elle le fût bien davantage encore quand il était sur la Croix.

       Mais St François ne limitait pas la pauvreté au détachement des biens terrestres et périssables, il retendait à l'humilité qu'il considérait comme la sœur jumelle de sa Dame Pauvreté ! Ainsi il retrouve la première des béatitudes : « Bienheureux les pauvres en Esprit car le royaume des cieux est à eux ».

       Cette forme de richesse s'opposant à la pauvreté en esprit est plus dangereuse encore que la première, c'est l'orgueil qui se cache der­rière elle. Le pauvre en esprit n'est pas gonflé de ses idées propres et personnelles, ses connaissances ne le remplissent pas de suffisance ; que sont ses biens intellectuels à côté de l'Omniscience divine ? « Osera-t-il rentrer en jugement avec Dieu » comme le dit la Sainte Écriture : non jamais !

       Le pauvre en esprit aime mieux être enseigné qu'à enseigner les autres ; il aime à être instruit parce qu'il a soif de l'unique et seule Vérité ; lorsqu'il la connaît, il ne se l'approprie pas car elle est le bien de Dieu, bien redoutable que Dieu lui dévoilera autant que le nécessitera son besoin. Se l'approprier serait la meilleure façon de tout perdre. La pauvreté d'esprit est sûrement le meilleur garant de la fidélité à la Vérité. Car Dieu trouvant un esprit vide de pensées propres n'aura de cesse d'y mettre les siennes, sublimes et mer­veilleuses, dépassant tout ce que l'on peut imaginer.

       Oui, la Pauvreté spirituelle engendre la connaissance de Dieu ; la connaissance de Dieu en Lui-même est le partage des pauvres en esprit.

       Comme le dit l'Imitation de Jésus Christ (IV-18) : « Soumettez-vous à Dieu, humiliez votre raison sous l'autorité de la foi, et la lumière de la Science vous sera donnée autant que vous en aurez besoin ».

       St Augustin nous dira que la clef de la science et le moyen de con­naître de grandes choses, c'est l'humilité.

       Laissons la conclusion ultime à St François : ses frères réunis un jour en chapitre demandèrent au Saint quelle vertu nous rendrait plus digne de l'amitié de Jésus, François leur découvre aussitôt le fond de son âme : « C'est la Pauvreté, elle est par excellence la voie du Salut, la sève de l'humilité, la racine de la perfection. Son fruit est abondant quoique caché ».

Fr. Antoine

     VIE DE LA COMMUNAUTÉ

       Dans la dernière lettre, nous vous annoncions deux postulants, mais ce sont cinq jeunes gens qui ont voulu essayer notre vie Capucine. Depuis lors, trois ont persévéré. Merci mon Dieu pour si abon­dante bénédiction ! D'autres aspirants à la vie religieuse devraient se joindre à nous au cours du mois de septembre. Nous les confions tous à vos prières.

       Les trois novices de l'année précédente ont fait profession : res­pectivement le 8 décembre, le 25 mars et le 14 juillet (St Bonaven-ture).

       Les postulants eux ont pris l'habit le 16 janvier, le 24 juin et le 21 juillet pour les deux derniers, ils veulent demeurer frères Lais (convers) ce qui nous réjouit beaucoup : à ce jour nous n'avions que des frères clercs !

     Une cérémonie de professioin

        Notre journée du Tiers-Ordre, le 19 mars, fut une petite première, mais qui eut un bon résultat, nous étions une trentaine, la journée s'acheva par la prise d'habit de 5 nouveaux frères et sœurs. Nous prévoyons une nouvelle réunion de nos tertiaires pour le Samedi 8 octobre : elle n'est pas réservée à eux seuls...

       Quatre d'entre nous ont suivi le pèlerinage de Chartres (deux Pères et deux frères), temps privilégié de prières et de pénitences, fruc­tueux et abondant en Grâces.

       Nous étions quatre aussi dont notre Père Gardien aux belles céré­monies du 29 et 30 juin à Ecône : Monseigneur Lefebvre assure ainsi la survie de la Tradition. Merci à lui pour cet acte courageux qui n'est en aucune manière un schisme.

LE CAPUCIN EN VOYAGE :

       La pauvreté des uns exerce la charité des autres. Notre pauvreté doit également s'étendre à notre façon de voyager. Lorsque par nécessité, nous ne pouvons aller à pied, nous recourons à la provi­dence divine et à la charité des gens motorisés. Cela nous donne parfois l'occasion d'avoir d'intéressantes conversations, ou bien de nous mettre dans des situations cocasses.

       Un jour, revenant d'Annecy en auto-stop, notre Père Jean-Joseph trouvait la fin du voyage un peu longue. N'y aurait-il pas, mon Dieu, une « providence » pour moi ? Sitôt cette prière faite un groupe de jeunes en vélomoteur s'arrête à sa hauteur pour le saluer et échanger quelques paroles. Et puis : « Voulez-vous monter » dit l'un plai­samment. « Pourquoi pas » répond le père. Après avoir étudié toutes les positions possibles, voilà notre père en équilibre instable, la bure au vent sous bonne escorte. Mais tout à coup, son cordon prenant trop de liberté vint se prendre dans la chaîne et mit en panne le vélo­moteur. Après l'avoir sorti à grand mal, il fallut se séparer et finir le trajet à pied. L'un se consola car il marchait avec « dame pauvreté », mais l'autre dut pousser son vélomoteur avec « dame charité » !

TRAVAUX ET PROJETS

       L'agrandissement de la Chapelle a été effectué ; gros travail, qui a mobilisé dans les débuts une partie de la Communauté ; les ouvriers, suite à cela, sont restés un bon mois, mais le résultat est très apprécié de nos fidèles.

       L'aménagement de la bibliothèque pourrait se faire prochainement. Quant au cloître, il devra attendre encore un peu : nous ne pouvons tout réaliser en même temps, et puis nos aménagements avancent avec les moyens dont nous disposons. Il faut bien que la pauvreté se retrouve quelque part !

       Notre grande salle d'étude dont nous vous parlions dans notre dernière lettre ainsi que nos cellules du 2e étage (16 au total) ont reçu les dernières retouches et sont prêtes à recevoir de nouveaux amis de Saint François ; cela grâce à quelques courageux bénévoles que nous remercions chaleureusement au passage.

Illustration de couverture : Saint François se dépouille de son vêtement et le donne à un pauvre Fresque de Giotto

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