L’observance traditionnelle

Assez récemment, en 1968, à la suite du concile Vatican II, un Chapitre général de l’Ordre Capucin, réuni à Rome, décida de mettre de côté les Constitutions traditionnelles pour leur en substituer de nouvelles, dans un esprit bien différent. En effet, ces textes législatifs hérités des anciens pères dataient – pour ce qui est de la substance – des origines de l’Ordre (1536), et précisaient la façon dont la Règle de saint François doit être observée. C’était tout simplement changer la nature même de l’Ordre, et le vider de son esprit le plus authentique : la pauvreté, la contemplation, la vie commune régulière, et bien d’autres aspects essentiels (l’habit, la clôture, le silence, etc…) disparaissaient ou étaient pour le moins fortement ébranlés et malmenés. Comme il fallait s’y attendre, là où les nouvelles Constitutions furent appliquées, la vie religieuse s’attiédit et les vocations se firent rares (bon nombre de couvents ont disparu depuis cette époque).

Très Révérend Père Philibert de Saint-Didier

Révérend Père Eugène de Villeurbanne

Ne pouvant se résoudre à voir mourir son Ordre, un Capucin de la province de Lyon, le Révérend Père Eugène de Villeurbanne (1904-1990), avec les encouragements de son ancien supérieur et ami, le Très Révérend Père Philibert de Saint-Didier (mort en 1988), résolut de fonder une communauté d’observance traditionnelle qui continuerait à se conformer aux Constitutions authentiques des Capucins. Cette communauté vit le jour en 1972 à Verjon, près de Bourg-en-Bresse ; puis elle s’installa à Morgon, dans le Beaujolais, en 1983. Les vocations se présentèrent petit à petit, et il fallut songer à ouvrir d’autres maisons à Castelnau-d’Arbieu, près de Fleurance, dans le Gers (2005), et à Cour-Cheverny, près de Blois (2012). Aujourd’hui, ces trois couvents réunis comptent une quarantaine de religieux, dont plus de la moitié sont prêtres ; ils tâchent de mener une vie vraiment capucine (pauvreté, contemplation, prédication) et de subvenir aux besoins spirituels des fidèles qui recourent à leur ministère (Messe, Sacrements, direction spirituelle). Un monastère de Clarisses capucines existe aussi à Morgon, depuis 1993. La communauté compte à ce jour une quinzaine de moniales. Enfin, un certain nombre de Tertiaires, répandus surtout en France, se rattachent à ces religieux dans un même esprit de fidélité à l’idéal franciscain. La plupart sont séculiers, bien qu’il existe aussi des tertiaires réguliers, comme les Petites Sœurs de saint François, qui se dépensent au service des personnes âgées, et dont la maison mère se situe au Trévoux, dans le Finistère.