Le Bénédicité - Capucins de Morgon

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Le Bénédicité

Publié le 03/12/2025

N° 20 - Juin 2008                                                       

 

Chers voisins et amis

LE BÉNÉDICITÉ

 

       Après une petite digression sur le jeûne, au dernier numéro, voici venir l'heure du déjeuner, qui commence par la prière avant le repas, ou « bénédicité » (c'est-à-dire bénédiction de la nourriture). Mais au fait, d'où vient cette coutume ? La prière avant le repas est une bénédiction, ce qui peut signifier deux choses. On dit que « l'homme bénit Dieu » lorsqu'il lui rend grâces pour ses bienfaits. Si « Dieu bénit l'homme », c'est qu'il lui promet ou lui donne sa faveur. Dans ce même sens, un homme peut en bénir un autre, c'est-à-dire qu'il lui souhaite la faveur de Dieu.

       Le bénédicité répond parfaitement à tous ces sens : Il est une prière d'action de grâces. C'est là sa première raison d'être. Comme nous remercions nos bienfaiteurs de la terre, ainsi agissons-nous envers Celui qui nous donne tout. L'ingratitude n'est-elle pas cette porte qui ferme la source de l'amitié et de tous les bienfaits ? « Il faut, dit saint Paul, rendre grâces à Dieu, incessamment, en toutes choses ». Déjà dans l'Ancien Testament, Dieu avait dit : « Lorsque tu auras mangé et que tu seras rassasié, bénis le Seigneur ton Dieu, de peur que ton cœur ne s'élève et que tu n'oublies le Seigneur ton Dieu ».

       Cette prière est aussi une bénédiction dans le deuxième sens : nous souhaitons la faveur de Dieu, sur nous et sur les aliments. Un jour saint Benoît (Vie siècle) fut la cible de la méchanceté d'hommes qui voulaient l'empoisonner. Comme de coutume, il bénit la table ; au moment où il traçait le signe de croix sur les aliments, son verre éclata et le liquide mortifère se répandit par terre.

       Nous demandons encore à Dieu d'user de la nourriture pour sa gloire : « Soit que vous mangiez, dit encore saint Paul, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ».

       Quant à la prière après le repas, on l'appelle « grâces », puisque là aussi, mais plus encore qu'au début, on y remercie Dieu pour la nourriture qu'il nous a donnée.

       De quand date cette coutume de bénir la table et de rendre grâces ? On peut répondre qu'elle existe depuis toujours. Elle était profondément enracinée dans le peuple hébreu. Jésus-Christ lui-même a consacré cette pratique par son exemple, comme nous le lisons dans l'Evangile ; et à sa suite, les grands saints de tous les siècles ont rappelé à leurs contemporains l'opportunité de cette prière.

       Au cours des âges, l'on rencontre une formule solennelle du bénédicité, en usage dans les communautés monastiques (comme ici, au couvent), mais également des formules plus brèves répandues parmi tous les fidèles. Ainsi, chez les premiers chrétiens, on récitait le « Notre Père », qui nous rappelle si bien les liens filiaux qui nous unissent à Dieu. Lui-même nous invite à dire : « Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour. »

       Origène (IIIe siècle) nous a conservé une formule de son époque : « O vous, qui donnez la nourriture à tout ce qui respire, faites-nous la grâce d'user saintement de ces mets que votre miséricorde nous a préparés. » Saint Athanase (IVe siècle) prescrivait de faire trois fois le signe de croix sur le pain en disant : « Nous vous bénissons, notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié [etc.] » : et après le repas : « Le Seigneur bon et miséricordieux a donné la nourriture à ceux qui le craignent ; gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »

       Pour terminer ce survol historique, voici quelques formules actuelles : « Que la main de Notre Seigneur nous bénisse, nous et la nourriture que nous allons prendre » ; ou encore : « Bénissez-nous, Seigneur, bénissez ce repas, ceux qui l'ont préparé, et procurez du pain à ceux qui n'en ont pas. Ainsi soit-il ». Et après le repas : « Nous vous rendons grâces pour tous vos bienfaits, ô Dieu tout-puissant qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ».

       Cette coutume a traversé les siècles. Ce réflexe d'action de grâces est tellement naturel qu'il existait même chez les païens (que ce soit en Grèce, en Egypte, chez les Romains et ailleurs), comme nous en trouvons le témoignage dans les œuvres de leurs auteurs (Homère, Athénée...).

       Après ces quelques éclaircissements, revenons à l'entrée de la communauté au réfectoire. L'angélus vient de s'achever, nous quittons la chapelle en procession et venons nous placer chacun devant sa table ; l'un des pères entonne le bénédicité. Une fois celui-ci terminé, chacun va à sa place. Un frère lit un passage de l'Évangile, que tous écoutent en silence, afin que l'âme reçoive sa nourriture avant le corps. C'est ainsi que faisaient les premiers chrétiens.

       Après seulement, le repas commence. Les pères et les frères clercs se succèdent pour faire la lecture (cf. image ci-dessous). Les sujets des livres ainsi lus au réfectoire sont variés : biographies, histoires etc. toujours de quoi élever nos pensées. Quant aux autres frères, ils s'occupent du service de table ; les plats sont reçus du frère cuisinier, au guichet de la cuisine contiguë au réfectoire.

       Enfin, après le repas, une fois la table desservie et essuyée, on rend les grâces. Après avoir remercié notre Bienfaiteur divin, nous partons à la chapelle en récitant des psaumes et oraisons que nous offrons à nos bienfaiteurs de la terre, tous ceux qui nous donnent de quoi vivre, en échange de nos services spirituels. Là se trouve la beauté et l'harmonie de cette grande famille qu'est l'Eglise.

 

PETITE CHRONIQUE ET FIORETTI

 

16 avril : Les « Cloches messagères » sont nées lors des vingt ans de notre présence à Morgon. Cette année, pour les vingt-cinq ans, nous faisons notre sortie annuelle de communauté dans l'Ain, à Verjon, dans la maison qui a servi de « couvent » pendant onze ans. 

Avril-juin : Comme la fourmi qui ne se laisse jamais prendre au dépourvu par l'hiver, nous passons un bon nombre de journées ou d'après-midi à fendre et à ranger du bois, pendant ces quelques semaines.

24 mai : Huit « transfuges » du Beaujolais passent dans le Maconnais ! Mais non, rien de grave : il ne s'agit que de huit frères qui vont aider un ami viticulteur de cette région. Cela ne dure qu'une journée. Ils gardent toute leur fierté d'être sur le sol de Morgon. 

1er juin : Un prêtre missionnaire, frère de notre frère Nicolas, est de passage pour quelques jours. Il se dévoue depuis cinq ans auprès des Indiens (pas ceux d'Amérique mais de l'Inde, d'où vient notre frère Ignace). Il fait une conférence sur son travail missionnaire à l'autre bout du monde.

2-6 juin : Une session de grec ancien nous remet en contact avec cette langue dans laquelle les Evangiles de saint Marc, saint Luc et saint Jean furent écrits, et qui fut celle qu'on parlait universellement dans l'Eglise du Ier siècle.

13 juin : Les lis, qui fleurissent d'habitude un peu avant le 13 juin, fête de saint Antoine de Padoue (représenté avec un lis de pureté), ne commenceront, cette année, à fleurir que vers le 15 juin. En général, les vendanges commencent trois mois après leur floraison. Ces élégantes fleurs, porteuses de bien des symboles seront-elles « bons prophètes » cette année ?

 

Couvent Saint-François

Morgon

69910 Villié Morgon

 

       Les personnes qui lisent ce numéro et qui désireraient les numéros précédents et les suivants peuvent nous le faire savoir et nous laisser leur adresse. Les Cloches Messagères expliquent nos activités et donnent des nouvelles du Couvent Saint-François et du Monastère Sainte-Claire de Morgon. N'hésitez pas à vous « abonner », c'est gratuit !

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