Sicut Lilium n°5

 7 octobre 2021

LA VRAIE BEAUTÉ

Chère Philothée,

       Que le Seigneur vous donne la paix !

       Le beau se définit comme étant « ce qui est agréable à voir ». Il y a bien sûr dans le beau quelque chose d’objectif ; les philosophes nous disent en effet qu’il faut trois conditions pour qu’une chose soit belle : l’intégrité, la proportion et la clarté. L’intégrité est brisée lorsqu’il manque une partie notable, la proportion quand on ne respecte pas la mesure convenable, et la clarté quand la nature de la chose n’apparaît pas spontanément. Mais il y a aussi dans le beau quelque chose de subjectif, ou plus exactement, la saisie du beau dépendra des dispositions personnelles de chacun.

       Faisons, si vous le voulez bien, l’application de ces principes à la modestie chrétienne. Un vêtement modeste est intègre : il ne lui manque aucune partie essentielle ; il est bien proportionné : à la mesure de la personne et de ses membres ; il est resplendissant, parce qu’il accomplit parfaitement sa mission de vêtir et d’orner : sa nature de vêtement est évidente. Un habillement modeste est donc vraiment et objectivement beau. Oui, la modestie est belle, Philothée, et si mon autorité ne suffisait pas à vous en persuader, écoutez le pape Benoît XV, qui affirmait : « La modestie est le plus bel ornement de la femme chrétienne » (21 octobre 1919).

       Mais, alors, pourquoi est-elle si souvent méprisée et rejetée ? C’est là qu’intervient l’aspect subjectif : on juge en effet des choses selon ses dispositions personnelles. Ainsi la vertu apparaît belle à l’homme vertueux, tandis que l’homme vicieux se complaît dans le vice. Le monde, qui est laid, de toute la laideur du péché, ne saurait reconnaître et aimer la vraie beauté : ne vous étonnez donc pas, Philothée, de lui déplaire par votre modestie, c’est plutôt bon signe. Lui, ce qu’il aime, ce sont les vêtements légers et immodestes qui, comme vous pouvez le constater, ne remplissent aucune condition du beau ; et s’il les aime, c’est parce que, loin d’accomplir leur mission d’habiller et d’orner, ils laissent apercevoir ce que la vertu et l’honnêteté demandent de voiler : ils portent au mal plutôt qu’au bien, ils conduisent les âmes à leur perte plutôt qu’à leur salut.

       Quelle conclusion à ces réflexions ? Celle-ci, tout simplement : ne croyez en rien, Philothée, les mauvaises langues qui vous disent que la modestie chrétienne n’est pas belle, ou qu’elle est triste, … C’est l’inverse, en effet, qui est vrai : rien n’est plus beau et plus convenable pour une femme qu’une parfaite modestie chrétienne, et rien n’est plus agréable à voir pour un bon chrétien, je peux vous l’assurer. Aimez donc la modestie, aimez-la et faites-la aimer. Alors vous participerez à cette beauté souveraine que l’on contemple avec admiration en celle qui doit être et rester toujours votre parfait modèle : « Tota pulchra es, Maria ! Vous êtes toute belle, ô Marie ! »

       Avec ma bénédiction. « Je veux voir Marie ! »

       Fra Modestino

PS : Nous aurions pu évoquer cette définition que donne Saint Augustin : le beau, c’est « la splendeur de l’ordre ». Or, là aussi, l’application à notre domaine aboutit au même constat : la modestie chrétienne est vraiment belle, car elle manifeste la primauté de l’esprit sur la chair et inspire la vertu, tandis que la légèreté et l’immodestie sont laides, parce qu’elles mettent en valeur la chair au détriment de l’esprit et entraînent par conséquent tous les désordres de la concupiscence.

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NB : Le but de cette feuille n’est pas de rappeler le minimum de décence que l’Église exige de ses filles (jupe recouvrant les genoux et voile dans les lieux de culte), mais bien plutôt d’engager toutes les chrétiennes de bonne volonté (Philothée) à pratiquer et à promouvoir, avec constance et de tout leur pouvoir, une parfaite modestie, seule capable de mettre en échec les forces de corruption du monde moderne et de ramener partout un authentique esprit chrétien… (Concrètement : jupe au moins à mi-mollet, ni fendue, ni transparente).

       Une vraie et profonde vie intérieure (oraison, chapelet, lecture spirituelle, etc…), par laquelle l’âme s’unit plus étroitement à Notre-Seigneur, rend la pratique de cette parfaite modestie comme naturelle : tout devient facile quand on aime !

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