Lettre aux amis de Saint François N°6 - 1989

Année 1989 - La joie franciscaine

Chers Amis de Saint-François,

       Notre dernière lettre vous parlait en quelques lignes de "Dame Pauvreté" épouse tant aimée de Notre Séraphique Père St-François. Celle-ci voudrait examiner brièvement une autre vertu qui fleurit merveilleusement chez notre Saint Patriarche d'Assise : la joie. Joie réelle, qui est la conséquence nécessaire d'une pauvreté volontaire concrètement vécue. L'on peut dire, de façon imagée, que la joie fut l'enfant premier-né du mariage de St-François avec "Dame Pauvreté".

       Ce sont bien souvent les soucis d'ici-bas, les inquiétudes temporelles qui sont causes de notre tristesse et nous empêchent de nous élever et de goûter la joie des choses célestes. Les biens terrestres, même fournis en surabondance, sont incapables de satisfaire notre âme faite pour jouir de délices beaucoup plus purs et surnaturels.

       Bien sûr cette joie qui animait notre Père St-François n'avait rien de superficiel. Elle n'était ni bouffonnerie, ni dissipation, mais bien une sérénité profonde, constante, que rien ne pouvait amoindrir, et qui par sa surabondance se communiquait à tous ceux qui s'approchaient de lui.

       St-François est-il vraiment le disciple du Maître en vivant joyeux ? Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu la joie pour ses disciples, et c'est même dans les moments les plus déchirants et douloureux de sa vie que Jésus a parlé de Joie à ceux qui Le suivaient. Sur le point de les quitter, de souffrir le plus terrible des tourments il leur recommande la joie. A l'occasion de la dernière Cène Notre Seigneur Jésus Christ dira à St-Jean : "Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite (Jn XV-II). Il dira un peu plus tard à ses disciples : "... vous serez dans la tristesse mais votre tristesse se changera en joie... Vous aussi maintenant vous êtes tristes ; mais je vous verrai et votre coeur, se réjouira et votre joie, nul ne pourra vous la ravir".

       Combien sont encourageantes et consolantes ces paroles de Notre Seigneur ! Nous constatons d'abord qu'à peu de temps de sa passion Notre Seigneur Jésus Christ est dans la joie ; joie qu'il veut nous donner puisqu'il veut que Sa joie soit en nous. R veut nous faire partager les délices qui sont les siennes. De plus Jésus ne veut pas pour nous une joie timide ou passagère, une joie instable mais une joie forte, parfaite. Nous verrons dans une autre lettre combien StFrançois sût exprimer et découvrir cette joie parfaite que Jésus veut pour nous.

       Enfin Notre Seigneur veut que rien ne puisse nous ravir la joie ! Qui, si fort soit-il, peut dire que sa joie est constante, qu'elle ne subit aucune altération ? Ou est cette perle, afin que nous puissions l'admirer ? !

       Si notre Joie est instable, bousculée par les circonstances et les vicissitudes du temps c'est parce qu'elle est fondée, appuyée, sur de mauvais principes, elle n'est pas scellée sur le vrai fondement.

       Si nous voulons que notre joie demeure, qu'elle soit forte, et que nul ne puisse nous la ravir, elle doit être fondée, enracinée sur la joie et la sérénité inaltérable de Dieu.

       Oui, notre DIEU-Trine est toujours dans la joie et à cause de cela, nous devons y demeurer nous aussi. Voilà le principe fécond de notre joie.

       Même devant les événements actuels qui détruisent le monde, qui déchirent VEglise, Dieu ne perd pas sa joie. Il veut le bonheur de tous les hommes mais eux n'en veulent pas. Par orgueil ils préfèrent les joies vaines qui engendrent la véritable tristesse et les plus grands malheurs.

       Mais pour nous, soyons joyeux, non pas d'une joie folle et démesurée, mais d'une joie douce, prudente, sage, image de celle dont nous jouirons dans le Paradis ; le Ciel n'est-il pas appelé la béatitude ou joie éternelle ?

       Alors, courageusement, commençons à vivre de cela !

       Rappelons-nous aussi que dans les belles litanies de la Très Sainte Vierge Marie, Notre Dame est appelée : "Causa nostrae laetitiae", Cause de notre joie ; si donc la Joie de Dieu nous semble difficile à atteindre, recourons à Celle qui est en même temps Mère de Dieu et Mère des hommes et qui sera Cause de notre profonde joie et de notre persévérance dans la joie.

       St Bonaventure, notre Docteur Séraphique, toujours empli d'une sereine gaîté se plaisait à dire que la joie spirituelle est la marque de la grâce de Dieu dans une âme.

fr. Antoine

 

 

       VIE DE LA COMMUNAUTE

       C'est une bonne année qui s'est écoulée depuis nos dernières nouvelles :

       -    En Septembre 1988, nous avons eu la joie de voir notre communauté gratifiée d'un prêtre de plus. Notre frère Maximilien-Marie recevait l'ordination sacerdotale des mains de Monseigneur Tissier de Mallerais à Ecône. Il célébra sa Première Messe solennelle pour la fête du Christ-Roi.

       -    Début Octobre Monseigneur Lefebvre nous fit la grande faveur de prêcher notre retraite de communauté. A Z'issue de cette retraite il voulut bien présider, au Couvent, la fête de St-François et adressa la parole au cours de la messe solennelle aux nombreux tertiaires et fidèles venus honorer notre Patriarche d'Assise. Ces jours de silence et de fête furent source de grâces précieuses et fécondes pour tous.

       -    Depuis le début de cette année 1989 se sont succédées trois professions temporaires de nos plus jeunes frères en religion :

       Le 11 Février, en la fête des apparitions de Notre Dame à Lourdes : frère Didace.

       Le 1er Juillet, en la fête du Très Précieux Sang de Notre Seigneur : frère Pascal.

       Le 2 Août, en la fête de Notre Dame des Anges : frère Gabriel-Marie.

       -    Ce 4 Octobre un postulant reçoit l'habit. Il sera frère lai (convers) et a pris le nom de frère Agathange.

       La rentrée des postulants se fait durant cette époque, quelques uns nous ont donc rejoints.

       -    Les activités apostoliques n'ont pas manqué durant cette année.

       Les principales ont été :

       La mission paroissiale prêchée après Pâques par nos Pères Crispin et Maximilien-Marie, au Moulin du Pin chez Monsieur Vabbé Coache.

       La retraite donnée au noviciat des "Petites Soeurs de St-François" en Bretagne par notre Père Gardien, elle s'est clôturée le 1er Mai en la fête de St-Joseph par la prise d'habit de cinq nouvelles religieuses. Notre Père Gardien accompagné de notre Père Jean-Joseph est retourné chez nos Soeurs en St-François le 15 Septembre pour la bénédiction de leur chapelle. Bénédiction présidée par Son Excellence Monseigneur Lefebvre.

       L'été est toujours l'occasion de ministère auprès de la jeunesse, aussi comme les années précédentes, le Père J. Joseph a accompagné des Jeunes du M.J.C.F. durant leur camp, sur les routes de VEspagne et du Portugal. Le Père Crispin quant à lui, après avoir assuré Vaumônerie d'un camp de louveteaux et d'un camp de louvettes est parti sur les routes de l'Auvergne avec un groupe de guides aînés en pèlerinage.

       Nos réunions du Tiers-Ordre ont eu lieu bien régulièrement tous les trimestres ; elles sont aussi l'occasion de faire connaître cet excellent moyen de sanctification, institué par St-François, pour les fidèles. Depuis le début de l'année nous avons donné l'habit à treize nouveaux frères et soeurs: prions pour leur persévérance.

-          Conformément à nos textes nous avons procédé à de nouvelles élections qui ont confirmé ceux qui déjà étaient en charge : frère Antoine Père Gardien, frère Crispin Père Vicaire.

TRAVAUX ET PROJETS

       -    Grâce à vos dons généreux, dont nous vous remercions vivement, "La Providence" (notre Association) a pu acquérir la petite maison pour laquelle nous sollicitions vos aumônes. Si Dieu veut ce petit édifice que nous avons baptisé la "Portioncule" (berceau de l'ordre franciscain) verra les débuts d'une communauté de Clarisses.

       -    Les travaux d'aménagement de notre couvent que nous avons confiés à des esprits et des mains plus expertes sont pour le moment interrompus, ils devraient reprendre très bientôt.

       Nos tertiaires aidés de nos fidèles ont eu l'heureuse initiative et la charité de nous offrir une belle table de communion, qui orne notre chapelle et apporte plus de dignité aux cérémonies.

AVIS PRATIQUES

       -    Nous avons toujours trop d'intentions de messes ; nous en célébrons encore actuellement que nous avons reçues en début 1988. Nous vous demandons en conséquence de confier vos intentions à des prêtres plus démunis. Vous nous permettrez ainsi que ne pas accentuer notre retard et de moins vous faire attendre.

       -     En semaine, seulement les messes de 6h30 et 17h sont assurées régulièrement, celle de 7h sera ou ne sera pas dite en fonction du ministère extérieur.

CHRONIQUES...

       C'est vraiment très dur chez les Capucins...

       -    Chez certains de nos amis a couru le bruit que nous avions défoncé le sol de notre chapelle pour être directement sur la terre battue...

       Nous avons il est vrai enlevé un peu de terre dans l'ancienne cave qui a servi à agrandir notre chapelle, mais c'est pour y placer, comme dans le restant de celle-ci, de beaux grands carreaux noirs et blancs en granit poli...

       C'est vraiment très dur chez les Capucins...

       -    Je ne sais si c'est pour ce dernier Noël ou celui d'avant mais nous avons reçu cinq bûches de Noël...

       Savez-vous ce que nous en avons fait ? ... Nous les avons mangées... pas toutes à la fois, quand même, nous aurions été malades...

       C'est vraiment très dur chez les Capucins…

       -    Un de nos postulants arrivé aussi en période de Noël se trouva plusieurs jours à la suite avec une belle part de saumon fumé dans l'assiette ; il n'en avait jamais eu autant de sa vie...

       Le pauvre, lui qui était venu faire pénitence...

       C'est vraiment très dur chez les Capucins.…